Ce texte raconte l'exode vécu par Marie-Geneviève Dhavernas et sa famille tel qu’elle l’a raconté à notre cousin Jean-Pierre Got au cours de plusieurs entretiens.
Quatre jours après, nouvelle arrivée : grand-mère Lesort avec Marie-Madeleine, Gonzague et Wilhelmine. A ce moment, Isabelle dut retourner d’urgence à Vernon pour récupérer ses économies car la Banque de France avait été détruite, d’où un nouveau voyage pour le fidèle Albert.
Un soir la petite bonne Germaine vint dire : «Il y a quelqu'un qui essaie d’entrer de force dans la maison». Les deux courageuses belles sœurs s'armèrent de cannes et... s'arrêtèrent juste avant de frapper Marc Dhavernas qui avait réussi à échapper à l’encerclement de l'armée anglaise à Dunkerque et cherchait à rejoindre son régiment. Il repartit dès le lendemain.
L'avance des Allemands se poursuivant, le chef de famille décida qu'il fallait fuir plus loin. Un ami de la famille (Aigré) conseilla de loger dans la Creuse à Evaux-les-bains chez des religieuses. Bon-papa Dhavernas forma donc un convoi de deux voitures : la sienne avec la famille de Monique et l'autre conduite par Marie-Geneviève avec ses quatre enfants, Germaine… et la machine à coudre, bien précieux entre tous.
La première étape devait se faire à Poitiers chez une amie de Bonne-maman Dhavernas. Poitiers était une ville fermée en raison de la présence du gouvernement : pour ce motif et aussi en raison des bombardements, les deux voitures furent séparées. Cela fut une source d'inquiétude pour Marie-Geneviève en arrivant aux abords de Poitiers, une halte au poste d'essence devint nécessaire, et là, ô surprise, elle retrouva Bon-papa et ses passagers. A l'étape de Poitiers, nos voyageurs tombèrent à l'improviste sur la famille d'une amie de Bonne-maman qui donnait, ce soir-là, une grande réception en habits et robes du soir. C'est dire qu'ils ne furent pas reçus à bras ouverts même s'ils furent quand même accueillis mais durent passer la nuit sur le plancher du salon. Ensuite, le groupe repartit et s'installa à Evaux-les-bains chez des religieuses, dans un logement extrêmement sommaire, tandis que les grands-parents logeaient à l'hôtel où tout le monde prenait ses repas. Au menu, du mouton tous les jours, certes nourrissant mais plutôt monotone à la longue. Dans les derniers jours de ce séjour, le curé du village transmit une lettre de Jean Dhavernas, qui se trouvait avec ses hommes, dans les Pyrénées, en zone non occupée, et qui avait appris le lieu du séjour de sa famille par l'intermédiaire de ce curé. Démobilisé après l’armistice, Il finit par rejoindre sa famille.
Arriva alors une lettre de Henry Dhavernas, qui , lui, n'avait pas été mobilisé car il avait perdu un œil ; il se trouvait à Vichy, lieu de résidence du gouvernement d'alors. Par cette lettre, il proposait à son frère de venir travailler au ministère de la famille. Bon-papa remonta alors vers Paris dans la petite voiture en leur laissant la grande.
A Vichy, la famille ne disposa dans un premier temps que d'une seule chambre ! C'est pendant ce séjour que naquit Françoise.
Par la suite, Bon-papa proposa à son fils Jean d’ouvrir en zone libre un bureau pour la société américaine International Nickel. Marie-Geneviève suggéra d’aller habiter à Aix-en-Provence où elle avait des cousins, les Xardel (famille de Marguerite Xardel). Les réfugiés trouvèrent une grande maison «Les Bosquets» [ci-contre] appartenant aux Drugeon, à 5 km environ d'Aix. Belle maison mais sans eau, sauf à la cuisine.
La vie là-bas était assez conviviale avec la présence de cousins dont les Jacques Bonnet. Germaine, la petite bonne, les quitta au bout de cinq mois de séjour pour rentrer chez elle
Au mois de juillet, il fallut quitter Les Bosquets, mais, en ville, la plupart des logements étaient pris par des instructeurs de l'Ecole Saint-Cyr. Finalement, on trouva une petite maison «la Simonette» vacante d'occupants… et de meubles. Heureusement, leurs amis leur en fournirent. En 1942, les Allemands envahirent la zone libre et la famille remonta vers Paris car il n'y avait plus de raisons de rester dans le midi devenu aussi zone occupée.
Temporairement, la famille s'installa rue Georges Berger puis Marie-Geneviève trouva l'appartement de la rue Legendre où la famille s'installa en avril. En juillet, Jean Dhavernas entra à la banque de Paris et des Pays Bas avec quatre amis dont Gérard Dubus, Bob du Peyrou et Jacques Bonnet.
Bon-papa et bonne-maman Dhavernas s'installèrent alors complètement à Montigny, près de Vernon, demeure fameuse dont nos cousins Dhavernas gardent de très nombreux et excellents souvenirs d'enfance.
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