La Société des Lettres, Sciences et Art de Bar-le Duc, en visite à Toul. André Lesort, deuxième à gauche
Notre grand-mère, Elisabeth Lesort nous raconte dans ses souvenirs comment des relations, que ses parents et elle, avaient très bien connus quand ils y habitaient Bar-le-Duc, avaient plus tard également connu et apprécié André Lesort, nommé aux Archives de la Meuse à Bar-le Duc.
En particulier une certaine Madame Renauld et un certain Monsieur Baudot dont elle parle ainsi dans "Jeunesse d'André Lesort" et qui furent à l'origine de leur rencontre :
"Le ménage le plus aimable et le plus hospitalier de la ville était celui de l'avoué Monsieur Renauld. Cette maison était hospitalière et généreuse, les Renauld étaient très riches (sans enfant) et leurs réceptions étaient très goûtées à Bar. Je n’y ai jamais participé, j’étais trop jeune pour «sortir» quand mes parents ont été habiter Paris.
Je me réjouissais de mes 17 ans prochains, Madame Renauld comprenait dans ses invitations les jeunes filles dès leurs 17 ans, et j’ai eu cet âge important à Paris. J’avais vu souvent mes parents et mes sœurs aînées partir en grandes toilettes pour les dîners Renauld… Mais Madame Renauld prouva son affection d’une façon plus bienfaisante…
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Le jeune archiviste plaisait beaucoup aux Renauld. L’avoué, très intelligent, cultivé, artiste, avait grand plaisir à rencontrer le jeune érudit, surtout à la Société des Lettres, Sciences et Arts, qu’ils fréquentaient ensemble.
Madame Renauld était sensible à son excellente éducation et à sa façon si simple et si discrète dont il pratiquait ses devoirs catholiques.
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Il [A. Lesort] voyait beaucoup un brave ménage barisien, Monsieur et Madame Baudot et leur mère, une vieille dame très intelligente et cultivée. Les dames étaient les plus honnêtes et les plus vertueuses et aimables de Bar.
André aimait beaucoup Monsieur Baudot, et comme tout Bar, admirait Madame Baudot.
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C’est en rentrant de la messe de l’Assomption [15/08/1905], qu’André trouva dans son courrier une lettre du fameux Jules Baudot, lui disant qu’une dame de Bar (pourquoi ne disait-il pas Madame Renauld ?) avait trouvé que l’une des demoiselles Madelin, fille de l’ancien magistrat serait pour lui une femme tout indiquée…
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L’entreprise ne fut lancée qu’en octobre."
Nous n'avons retrouvé, dans nos archives familiales, ni le fameux courrier du 15 août, ni certains autres mais nous en avons retrouvé un adressé par Jules Baudot à Amédée Madelin, père d'Elisabeth :
Bar-le-Duc le 28. 8. 1905
Cher Monsieur,
Je reçois votre lettre d'hier et je m'empresse d'en faire part à mon jeune ami [André Lesort]. Il sera très heureux, mais j'imagine, plus troublé mille fois que s'il devait comparaître devant toutes les Facultés et Académies réunies.
Nous avons conféré avec la bonne Madame Renauld et nous pensons qu'une rencontre dans un musée (le Musée Carnavalet, par exemple, voire celui de Chantilly) serait ce qui conviendrait le mieux.
Si votre fils Louis vous accompagnait, l'abord de confrère à confrère serait très facile. Si vous choisissez Chantilly, le retour ensemble donnerait plus le temps de se connaître, de s'apprécier.
Mais c'est à vous, cher Monsieur, et à Madame Madelin, de fixer le lieu, le jour et l'heure. Bien certainement Mr L., qui est à Paris en ce moment, souscrira à votre choix que je lui ferais connaître immédiatement.
Veuillez, je vous prie présenter mes hommages les plus respectueux à Madame Madelin et recevoir l'assurance de mes sentiments les plus affectueux et tous dévoués.
J. Baudot
Le prénom de Mr L. est André.
Aux origines de la rencontre, Bar-le Duc ... |
Nous avons déjà raconté la suite (saga tome 3 p. 208) où après une première rencontre peu concluante, Monsieur Baudot avait insisté pour en organiser une deuxième et Louis Madelin avait alors envoyé à André Lesort son télégramme pneumatique que nous avons qualifié de la “dernière chance”.
A ce rendez-vous au Pavillon Royal du Bois de Boulogne, André Lesort retrouve Elisabeth Madelin accompagnée de son père Amédée. Celui-ci met en confiance le jeune prétendant : il ose enfin lever les yeux sur son éventuelle promise et là… Alléluia ! elle croise enfin son regard et ses beaux yeux bleus…
Les fiançailles.
Les fiançailles ont lieu le 19 novembre, jour de la Sainte Elisabeth.
Illustrations par Elisabeth Madelin du menu du repas de fiançailles, du toast porté à cette occasion par son frère Jules Madelin et d’une ballade composée par son cousin Paul Xardel pour les fiancés.
Le mariage.
La date du mariage est fixée au 28 janvier 1906 et tout est prêt pour le célébrer y compris le petit appartement à Rennes, retenu par le futur époux. Mais juste après qu’eut été choisi le satin de la robe de mariée, Amédée Madelin meurt le 10 janvier d’une pneumonie après quelques jours de maladie. Les fêtes prévues sont donc supprimées et le mariage est célébré dans l’intimité, le 24 février 1906 (nous ne possédons aucune photo du mariage).
Puis, comme dans les contes, suivront neuf enfants qui tous firent d’heureux mariages, quelque soit la façon dont ils aient pu se réaliser, puis 53 petits-enfants viendront combler ces heureux grands-parents.
Février 1956. Noces d’or d’André et Elisabeth Lesort et 35 petits-enfants présents.