Grand-père et Grand-mère reçus par le maire de Versailles |
Jeudi de Pâques (1956)
Mon cher Chéri
Voici ta lettre que j'ai pu très bien
lire. Tu devrais écrire toujours comme cela : Lt Henry Gagneur et Cie te
liraient avec encore plus de plaisir. Ce matin, après une très
bonne nuit je ne vais pas mal, mais le matin est toujours mon bon
moment. Catherine, extrêmement gentille, est venue dîner hier soir,
apportant des petites tartes faites par elle ; ce matin elle a
été chercher le lait et le «linge mécanique» que je
repasserais cet après-midi. Le Diable c'est toujours cette lumière
du soir. Je ne pouvais pas plonger Catherine dans les ténèbres,
j'ai mis la lampe avec le foulard, mais au bout d'une demi-heure,
j'avais si mal que j'ai du me mettre un très bienfaisant cataplasme
de fécule. L'après-midi avait été supportable, Jean-Michel est
venu très gentiment ; nous goûtions ensemble (lui, très
courtois, faisant chauffer l'eau) quand Marie-Madeleine est arrivée
avec Domitille, qui, devenue fille unique, ses frères étant en
vacances à Montargis et Lausanne ; du coup ses parents lui
trouvent une foule de qualités, que nous lui avons toujours connues,
nous ! [Chère Domitille, nous aussi les cousins, on le confirme ! NDLR] La mère et la fille ont été très gentilles.
Jean-Michel a filé chez les Chamussy chercher les épreuves de photo
d'art pour que Marie-Madeleine choisisse et les a présentées
ensemble. Marie-Madeleine est un peu vexée de n'avoir pas été
prévenue de la cérémonie à la mairie... Elle m'a dit en revanche
que Régis avait été très flatté de recevoir mon missel le 25
février et en avait informé «Stan» le plus possible,
y compris la classe de Luc où il s'est introduit pour chercher les
devoirs pour son aîné ; la Demoiselle a parlé ensuite de ce
fameux missel à Marie-Madeleine. Mais celle-ci ne connaissait pas
l'image du Carmel et cela l'a beaucoup touchée. Domitille était
ravie de lire tous leurs noms en litanies. Marie-Madeleine est agacée
que ses belles sœurs ne nous aient donné aucun signe de vie pour
le cinquantenaire. Ceci parce que le carton de 108 lettres l'a
beaucoup intéressée. Voilà une longue lettre. Je ne te dis pas
assez que je t'aime. Il vaut mieux ne pas être assommante comme les
vielles femmes que l'on visite. Léon vient me chercher ce soir pour
dîner et me ramènera avec ton amie Marie qui couchera. Je serais
contente de dîner chez les Chamussy mais ! La lumière ! Léon
a dû mener les petits au cirque hier : j'aurais des récits !
Il est bien bon d'y emmener Benoît qui a dit hier : «
comment donc Maman avez vous pu épouser un homme aussi lent que
Papa ? ». 1° ce n'est pas vrai 2° ça méritait une
gifle ; ne raconte pas çà autour de toi. [On en apprend de belles, mon petit Benoît ! Et peut-être a t’il inspiré “L’éloge de la lenteur” où Carl Honoré s’interroge : Et si un bon usage de la lenteur pouvait rendre votre vie plus riche et plus productive ? NDLR]
Te soignes-tu ?
L’hôtel de Bordeaux est-il encore chauffé ? As-tu demandé
une boule d'eau chaude? Chantal, terrifiée que tu sois sans
surveillance à communiqué ses craintes à Marie-Madeleine ! Alors,
je sers à quelque chose ! A t'embrasser d'abord et fort !
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