Le général René MADELIN commandant la 28e division d'Infanterie avec ses officiers et l'aumônier, quelques jours avant la terrible bataille du Mont Kemmel.
En avril 1918, la 28e division d'Infanterie commandée par le Général René Madelin [frère de notre grand-mère Elisabeth Lesort] fut désignée pour tenir le mont Kemmel, point culminant des monts de Flandre, à quelques kilomètres au sud d'Ypres, en Belgique. Cette position stratégique se trouvait à la charnière du dispositif allié entre l'armée anglaise fort malmenée depuis plusieurs semaines au nord et l'armée française au sud. L'avant‐dernière offensive de général Lüdendorf visait en premier lieu les monts de Flandre et plus précisément le Kemmel ; le plan allemand consistait à forcer ce verrou afin d'envelopper l'armée anglaise au bord de l'effondrement de qui, débordée, eut été acculée à la mer et à Dunkerque comme cela devait se produire en mai‐juin 1940. Ainsi l'ouverture d'une brèche par laquelle les assaillants se précipiteraient sur les arrières britanniques pouvait‐elle assurer à l'ennemi une victoire décisive. Celle‐ci était à portée de mains et l'empereur GUILLAUME II en personne était arrivé sur les lieux le 20 avril pour soutenir le moral de la IVe armée allemande et assister à une percée victorieuse ; il suivait à la jumelle l'évolution de ses troupes. Quelques jours auparavant ‐ le 14 avril ‐ les chefs de gouvernement avaient conféré à FOCH les pouvoirs de commandant en chef des armées alliées, décision providentielle dans une situation de plus en plus critique depuis le fin mars, surtout pour les Anglais. FOCH, conscient de la gravité de l'enjeu, et informé des puissants moyens mis en oeuvre par l'ennemi dans le secteur des monts de Flandre prit l'initiative de renforcer la résistance anglaise et de colmater le front menacé avec des troupes fraîches. C'est dans ces circonstances que la 28e division d'Infanterie et son chef venant d'Alsace débarquèrent dans la région entre le 14 et le 16 avril ; ils montèrent en ligne dès le 17 et prirent position sur le mont Kemmel en occupant le système de défense médiocre et le réseau de tranchées insuffisant laissés par les Anglais. Entre le 17 et le 25 avril, la division perdit déjà 25 officiers et 1 024 hommes. En interrogeant des prisonniers allemands, le commandement apprit que les Allemands déclencheraient le 25 une attaque massive, avec bombardement par gaz. Ce renseignement permit aux troupes de se préparer et de se protéger tant bien que mal.
Plus tard, le général MADELIN, parlera toujours avec discrétion de ces événements mais évoquera l'horreur de ces journées au mont Kemmel où il se trouvait avec ses troupes au cœur même de la bataille.
Toujours est‐il que le 25 avril dans la nuit, à 2 h 30, l'artillerie allemande procéda pendant une heure à un pilonnage préparatoire à l'attaque. Elle fit un usage important d'obus à gaz et battit le terrain avec des projectiles de gros calibres. ‐ 380 ‐ dont les explosions creusaient des entonnoirs de plus de 10 mètres de profondeur. Ce bombardement d'une violence inouïe, plus nourri encore que ceux de Verdun, fit disparaître toute trace de végétation, arbres ou haies et laissa le mont Kemmel totalement chauve.
Puis face à cette division française tout juste remise des combats de Noyon et de Montdidier, ce ne sont pas moins de trois divisions et demi qui montèrent à l'assaut côté allemand.
Pour cette attaque sur les pentes du Kemmel, Ludendorff avait mobilisé des troupes d'élite, l'équivalent bavarois des chasseurs alpins. Habitués aux terrains accidentés, ils se lancèrent à l'assaut du mont dès 6h00 du matin, au milieu des cratères et des décombres laissés par le bombardement du matin. Les combats furent furieux, et se déroulèrent souvent au corps à corps. Mais les soldats français pouvaient difficilement résister à des troupes d'élite plus de trois fois supérieures en nombre et en fin de matinée la division dut décrocher.
Monument commémoratif |
Le 29 avril à 23 h.20, le général LÜDENDORF fit envoyer à ses troupes le télégramme suivant : 1 ‐ L'attaque ne sera pas reprise demain 30 avril. 2 ‐ il faut maintenir le front atteint. C'était le constat d'échec définitif de l'avant‐dernière offensive allemande de la grande guerre, connue sous le nom de "bataille de Flandre"
René Madelin terminera la guerre comme général de brigade puis deviendra général de division en 1927 et sera promu au grade de commandeur de la légion d’honneur en 1929. Mais comme toutes les belles histoires, celle-ci ne se termine pas là, car compte tenu de ses brillants états de service, le général René Madelin [ci-contre], après d’autres belles affectations, reçut en 1920 le prestigieux commandement supérieur du secteur fortifié de Savoie et des subdivisions d’Annecy et de Chambéry. Ce secteur constituait une partie de la ligne Maginot et regroupait les fortifications du département ainsi que toutes les unités qui leur étaient affectées dont une forte artillerie.
En 1755, notre ancêtre Balthazard Madelin, alors âgé de 25 ans et en quête d’une vie meilleure, avait tout quitté, sa famille et sa Savoie d’origine, pour rejoindre, sans doute à pied, la Lorraine où il réussira au-delà de toute espérance. Moins de deux siècles plus tard, un des descendants de l’émigré savoyard descendu de ses montagnes, revient «au pays» comme haut commandant militaire de la région et réside à ce titre au magnifique château des Ducs de Savoie à Chambéry ! (ci-dessous en photo). A une réception au château, Bernard Madelin, fils de René, tomba éperdument amoureux de sa future femme Odile Delafon, fille d’officier mais celle-ci ne parut pas, de prime abord, charmée de se voir courtisée par cet officier : on fait par trop d’enfants chez les Madelin...
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