La file des petits-enfants pour réciter leur compliment ou leur poème à leur grand-mère Marie Madelin, c’est au tour du petit Gonzague Lesort :
Pour la fête de ma grand-mère Madelin, sainte Marie le 15 août, je devais lui réciter, sans rien comprendre le loup et l’agneau ( “Qui te rend si hardi de troubler mon breuvage?”), que j’anonnais. On voit sur cette photo ma mère surveillant l’exhibition de son dernier fils et lui soufflant quelque chose comme “La raison du plus fort est toujours la meilleure”. Ma grand-mère me contemple, l'œil aux aguets, mes frères, sœurs, cousines, cousins, en file derrière moi montent la garde… quelle angoisse ! Gonzague Lesort.
Dans les traditions religieuses, très strictes, de la famille Lesort, comme de toute la descendance Madelin, la Sainte Vierge tenait une place prépondérante, qui n’était pas la seconde place, mais celle de «la Mère de Dieu».
Elle avait conçu son enfant et
materné Dieu : Jésus et dominait donc les pratiques religieuses, les prières du matin et du soir, les chapelets, les pèlerinages et représentait une image
dominante de la Foi. Mais conception par un ange, virginité ou maternité, de cela par contre on ne nous parlait pas du tout…
Dans mon livret de famille
(parfaitement laïque et républicain) mes prénoms sont Gonzague
Léon Marie André. Léon d’un frère Madelin de ma mère, Officier
des Chasseurs-à-pieds, tué glorieusement à la guerre de 14. André
le prénom de notre père. Mes frères et sœurs aussi. Je crois
d’ailleurs que la plupart des quelques cent petits-enfants Madelin
avaient aussi Marie dans leurs prénoms.
Ma Grand-Mère maternelle, Madame
Amédée Madelin, portait aussi le prénom de Marie. C’est pourquoi
le jour de la sainte Marie, le 15 août, où nous étions nombreux à la Pichardière, était un grand jour de fête.
Pieux
certes, mais festif au maximum avec la messe le matin suivi d'un déjeuner
solennel et abondant : hors-d’œuvre, grand plat solennel,
légumes, excellent dessert éclairé de bougies. Le matin (ou peut
être à l’heure du café, je ne me rappelle plus) on souhaitait bonne fête à l’héroïne, en lui récitant un poème. La photo
n’explique pas pourquoi je ne percevais guère le sens de ce
texte : « La Raison du plus fort n’est pas toujours la
meilleure »… Gonzague Lesort
Gonzague Lesort récite son poème à sa grand-mère sous la supervision attentive de sa mère Elisabeth Lesort et sous les yeux admiratifs de sa petite sœur Thérèse
De Xavier LESORT, du Chesnay en 1992 :
Je retrouve dans mes cartons cette photo [les noms ont été rajoutés plus récemment NDLR] qui pourrait illustrer un prochain numéro des "VIEUX PAPIERS de FAMILLE"?
Elle date de l'été 1927 à la Pichardière et rassemble les acteurs d'une pièce sur "Jeanne d'Arc" jouée devant les hôtes de la Pichardière, peut‐être à
l'occasion du 15 Août qui, par la célébration de la fête de Grand'mère MADELIN, marquait, si j'ose dire, le sommet de
la saison. Cette pièce pourrait bien avoir eu comme auteur et metteur en scène tante Marie‐Léon MADELIN, trois de
ses enfants figurent parmi les acteurs, dont Clotilde avec un ceinturon qui pourrait être bien celui de son frère
Michel.
Cette photo me parait intéressante parce qu'elle évoque les visages d'une partie de cette génération de cousins
et cousines qui se retrouvaient l'été à la Pichardière, et l'esprit qui imprégnait les mentalités au sein de la famille :
c'est presque un document de sociologie familiale !
La photo a été prise par le photographe professionnel de Neuville‐aux‐Bois, Hiblot, convoqué pour la
circonstance, ce qui le changeait des mariages et premières communions. Elle a été prise sur la terrasse de. la
Pichardière et non sur la scène où la pièce avait été jouée la veille, le salon ayant été remis en ordre après la
représentation. La scène, suivant la tradition, était constituée par un espace dégagé devant la cheminée du salon, les
portes de chaque côté servant à l’entrée des acteurs. Pour la représentation de «Jeanne d’Arc», la glace au‐dessus
de la cheminée avait été dissimulée par un vitrail réalisé par Claude QUILLIARD et Paul‐André LESORT (11 et 12 ans)
avec des lattes de bois et du papier cristal de diverses couleurs d’un effet grandiose à mes yeux d’enfant.
Comme je portais alors des cheveux coupés «à la Jeanne d’Arc» (ce qui, à ma grande honte me faisait traiter de
«fille» par mes camarades de classe !) on m’avait confié le rôle de Jeanne d’Arc enfant au 1er acte. Mais comme sur
la photo on ne pouvait faire figurer deux Jeanne d’Arc, on garda la plus glorieuse (Manette QUILLIARD), celle qui se
présentait à la Cour et y reconnaissait le dauphin, afin de le persuader d’aller se faire sacrer à Reims. Alors, pour la
photo, on m’habilla en page ; du moins j’y retrouvais le sexe masculin, tout en conservant ma coiffure de «fille».
Le lieu des représentations théâtrales devant la cheminée du salon.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire