Avant la publication, ces deux prochains mois, des extraits des deux derniers cahiers de la Pichardière, nous avons tenté de rendre plus réelle cette propriété aujourd'hui disparue avec une description très vivante des lieux par Joseph Bonnet, des peintures et des photos que nous possédons ainsi que des plans établis par une amie architecte à partir de croquis que Catherine Chenu avait eu la bonne idée de demander à notre oncle Gonzague Lesort il y a quelques années. Merci à tous ces contributeurs. FL
La Pichardière, dont les vieilles pierres blanches semblent défier le cours des siècles, est une grande maison de campagne encadrée par deux ailes et érigée au milieu d'un jardin. Les chambres occupent deux étages, le deuxième est mansardé. Au-dessus de la façade et en bordure du toit s’allonge une sorte de fronton en pierres baptisé acrotère, qui n'a jamais dû servir de support à des ornements quelconques, mais a toujours été considéré comme un élément indispensable à la solidité de la maison.
Les chambres du premier étage jouissent d'un certain prestige, sans doute parce qu'elles ont gardé leur aspect ancien et leur mobilier d'époque. On les intitule, à cause de la couleur de leurs tentures : chambre rouge, chambre bleue, chambre rose, chambre verte, etc.. . Elles comportent chacune une antichambre, un cabinet de toilette et d'énormes placards qui, à l'époque, étaient d'un grand confort pour y resserrer robes de taffetas et crinolines.
Les chambres mansardées du deuxième étage ne participent pas au même luxe ; elles sont disposées le long d'un grand couloir et prennent jour par des lucarnes dont la vue sur le jardin est obstruée par cette fameuse « acrotère ». Dans ces mansardes sont entassés souvent des meubles boiteux et des objets hétéroclites ... souvenirs du passé !
Au rez-de-chaussée, la grande salle à manger, où on peut tenir vingt personnes à table, est éclairée comme le salon par quatre fenêtres donnant d'un côté sur une cour plantée et de l'autre sur le jardin. Le salon, garni de meubles de style Louis XVI et Directoire, composés de fauteuils recouverts d'étoffe en perse, de guéridons et de chiffonniers en très belle marqueterie, est le lieu solennel consacré aux réunions dont les scènes se déroulent à travers les âges, sous le regard majestueux des ancêtres Nolleau, représentés dans une attitude pleine de dignité par des portraits suspendus de chaque côté de la cheminée. Le vestibule, qui sépare le salon de la salle à manger, donne accès de plain-pied à une terrasse exposée au soleil de midi.
Suivant un rite immuable, on verra aux époques de rassemblement, pendant l'été, la famille venir former le cercle après le déjeuner sur cette terrasse ; tandis que le café est servi aux « grandes personnes », les conversations continuent à fuser ; leur tour enjoué et spirituel n'exclut pas ces fameuses discussions animées par des voix bruyantes et sonores que la postérité réincarnera de génération en génération, à ses divers échelons, comme pour en prolonger les échos sur le ton le plus élevé.
Devant la maison s'étend jusqu'au fond du jardin une grande pelouse encadrée de marronniers aux hautes cimes qui répandent leur ombre et laissent apercevoir, à travers leurs frondaisons, le clocher de l'église de Neuville. Des allées sillonnent le jardin en tous sens, longent des buissons et des taillis, contournent des massifs, pénètrent dans des clairières tapissées de gazons et aboutissent, au fond du parc, à une grille qui s'ouvre sur la campagne, en faisant retentir le tintement d'une cloche au son grêle. Alentour, c'est l'immensité de la Beauce, avec ses champs de blé à perte de vue, que le soleil vient embraser de ses feux rouges au crépuscule des longs jours d'été.
Joseph Bonnet. 1955
Une chambre mansardée La lingerie
Joseph Bonnet. 1955
La Pichardière. Plan cadastral de 1837.
Sur ce plan apparaît le parc de la Pichardière tel que l’avait réalisé en 1803, pour notre ancêtre Jacques François Aucante, le plus grand architecte-paysagiste de l’époque, Jean-Marie Morel, qui lança en France la mode des jardins dits “naturels”, que nous appelons aujourd’hui jardins anglais. Ce beau parc, savamment dessiné, donnait beaucoup de son charme à la propriété et mettait en valeur la façade en pierre blanche, très classique, de la maison.
La Pichardière, vue côté parc
La Pichardière, vue côté route. A droite les bâtiments de la ferme, au fond le clocher de Neuville aux Bois.
Le rez de chaussée
Le salon |
Le salon |
Le salon |
La salle à manger |
Le premier étage
La chambre rouge La chambre au-dessus de la cuisine
Le couloir des chambres |
L’escalier vers le second |
Le second étage.
L'arrivée de l'escalier au second, en haut le billard. |
Une chambre mansardée La lingerie
L'escalier du premier vers le second étage. |
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