Notre cousin Louis Zeller nous informe qu'à l'occasion du centenaire de l'armistice de 1918, il a fait éditer, avec son cousin germain Bernard Zeller, les Souvenirs de leur grand père, Léon Zeller, sur Foch et Pétain (Joffre et Castelnau sont en réserve).
Il leur a laissé en effet quatre livres de souvenirs inédits sur ces personnages, souvenirs qu'ils ont décidé de "livrer à l'histoire".
Notre cousin Philippe Madelin nous en dit plus dans un article à paraître dans le bulletin de décembre prochain de “Vos Papiers de Famille” :
Souvenirs du Général Léon Zeller sur les maréchaux Foch et Pétain : notes de lecture
Lors du Ballon 2018 à Oberbruck, Louis Zeller (Z.B29.1) et Bernard Zeller (Z.B22.6) nous avaient officiellement annoncé la parution d’un livre de souvenirs de leur grand-père, le général Léon Zeller, sur les Maréchaux FOCH et PETAIN. Ce livre est aujourd’hui disponible à l’achat aux éditions ECONOMICA. Il a été présenté sur le site de VPF (vpf2.fr).
Comme le souligne le général Jean-Louis Georgelin dans sa préface, ce livre est exceptionnel et il parle en professionnel de la question. Je rajouterais qu’il est passionnant pour un lecteur lambda. On pensait, alors que l’on vient de fêter le centenaire de la victoire de 1918, que tout avait été dit et redit sur la Grande Guerre, avec une vérité historique complètement dévoilée. Eh bien non ! Ces souvenirs ont été écrits avec le recul nécessaire mais en prise directe avec la réalité du vécu. C’est un trésor mémoriel ! Il vient corriger bien des idées toutes faites ou incomplètes, et apporte une masse d’informations nouvelles sur cette époque dramatique. Ce livre est à acheter – en attendant le tome suivant sur Joffre et Castelnau – et à conserver précieusement dans vos bibliothèques.
Bien des choses m’ont frappé dans cette lecture. Tout d’abord ce livre est très facile à lire, en particulier grâce à la rigueur que Léon Zeller s’est imposé pour rédiger ses souvenirs. Il se limite strictement aux portraits de ces deux maréchaux sans multiplier les disgressions sauf si celles-ci expliquent des contextes particuliers. Ensuite sa modestie où il ne se met pas personnellement en valeur, alors qu’il occupe des postes à forte responsabilité puisqu’il est, au gré de ses fonctions, au centre du montage des opérations. Savions-nous qu’il a directement pensé et organisé, alors qu’il était chef du 3ème Bureau au GQG en 1917, trois offensives simultanées et victorieuses en Belgique, à Verdun et à la Malmaison, sur demande de Pétain soucieux alors de remonter le moral des troupes. Non !
La deuxième impression que je retiens, c’est l’importance de l’Ecole de Guerre qui a permis de former des officiers de bon niveau à la stratégie et à la tactique. Elle a été créée en 1873, deux ans après la déroute de Sedan. Et ce livre nous montre bien son impact dans la conduite de la Grande Guerre, dans l’élaboration des ordres d’opérations jusqu’à leur application sur le terrain. Bien sûr ce sont encore des batailles « poitrines contre poitrines », mais l’organisation prime sur l’improvisation. On est un peu interloqué, à la date d’aujourd’hui, avec l’objectif de « zéro mort » dans les OPEX, de découvrir la règle de l’EM de la 2ème Armée (Pétain à Verdun) qui voulait que la relève du front d’une unité se fasse à partir d’un tiers et plus de ses pertes. Un chiffre énorme quand on sait que la relève se faisait tous les 6 jours environ. Et Pétain était soucieux de ses soldats.
Quant aux portraits de Foch et Pétain nous découvrons des personnalités fortes, c’est bien naturel à ces postes de commandements. Léon Zeller a moins connu Foch que Pétain. Ses souvenirs montrent un homme vif, peu loquace, mais quelque peu virevoltant et facétieux. Ils se sont connus au départ à l’Ecole de Guerre, quand l’un y était stagiaire et l’autre son professeur de tactique. Il apparaît obsédé par la précision des préparatifs d’opérations, sans jamais négliger de prendre largement en compte le terrain. Pétain est son contraire, c’est plutôt un taiseux, peut-être par timidité contrariée. Comme Foch, il est très précis dans sa tête comme dans ses ordres, souvent laconiques. Mais on pourrait dire aujourd’hui que c’est un « insoumis » ! C’est lui le chef et il n’entend que ce qu’il veut dans les ordres du GQG ou les objurgations du gouvernement, envers lesquels il a un comportement sarcastique, même en face de Poincaré, Président de la République, cet « avocat !! » qui se prend pour un grand stratège au point de souhaiter telle ou telle offensive. « Je n’y vais que si j’en ai les moyens », tel paraît être son leitmotiv. Il ne fait confiance qu’à sa propre conception des batailles. Ce qui m’a frappé, c’est qu’il apparaît peu élogieux et encourageant à l’égard des membres de son Etat-Major. Mais son talent tactique et son souci du bien-être et de la protection de ses troupes sont réels.
Et à propos des hommes politiques en visite dans les Etats-Majors, Pétain les reçoit à sa table, avec un mépris sous-jacent à leur égard. Bien sûr Clémenceau, envers qui Léon Zeller ne ressent guère d’estime au départ mais qui révisera son point de vue sur « Le Tigre », est une exception. Il encouragera inlassablement les troupes pour les pousser à la victoire finale. Tout le monde le sait. On sourira au passage relatant la visite du « Ministre des munitions » un peu débordé par l’ampleur de sa tâche. Mais on s’étonnera de la difficulté de l’industrie française à approvisionner trop tardivement les troupes en armes de tous genres et en munitions, lesquelles étaient comptées avec parcimonie à chaque unité combattante. Combien de morts en trop à cause de cette lacune ? Léon Zeller évoque l’idée, non réalisée, pour accélérer la production, de renvoyer dans leurs foyers certains soldats au profil industriel confirmé.
Un point commun aux deux maréchaux : l’impérative minutie dans la préparation des opérations et l’impitoyable exigence à l’égard de leurs subordonnés.
Vous retrouverez des passages concernant des membres de nos familles. Léon Madelin, commandant le 3ème Bataillon de chasseurs, mort pour la France en 1915, Louis Madelin, le sergent mobilisé et sa Légion d’honneur ( ! ), Henri Zeller (« Alors, le petit Henri est maintenant soldat ! » Foch), André Zeller, René Brunet, mort pour la France.
Vous serez peut-être un peu désarçonnés par les évocations du nombre d’unités et de leurs mouvements : armées, corps d’armées, divisions, … et de ces innombrables généraux ! Un petit conseil alors : munissez-vous de cartes, d’état-major de préférence, et surtout, quand vous aurez terminé le livre, relisez l’introduction de Louis Zeller qui remet en place toutes les pièces du puzzle.
Un grand merci encore à nos deux cousins qui ont beaucoup travaillé à l’élaboration de ce livre, et vivement le deuxième tome (Joffre et Castelnau).
Bonne lecture à tous !
Philippe Madelin (M.421.6)
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Les droits d’auteur, si il y en a, iront au Souvenir Français.