Nous avons toujours manifesté le souhait de faire partager à tous nos nombreuses histoires familiales connues par quelques uns.
Notre cousine Anne Kervella nous a fait parvenir quelques anecdotes familiales, en voici deux, d'autres suivront :
Juste après-guerre, les Bidault sont venus en vacances en France. Grand-Père et Grand-Mère emmenèrent un jour la jeune Chantal Bidault faire le tour de la Pièce d’Eau des Suisses. Nos grands-parents étaient des marcheurs aguerris. Depuis le haut de la rue du Hazard, il faut quand même 25 minutes ou 1/2 heure pour gagner l’endroit, plus le tour du (vaste) bassin, et le retour – c’était dans leurs cordes. Mais Chantal n’avait pas l’habitude de ces longs périples citadins : son papa avait une auto, et elle n’avait pas connu l’occupation et sa pénurie de transports. Arrivée au bord de la route de Saint-Cyr, au moment de repartir, elle était épuisée, et les deux adultes cherchèrent un moyen motorisé de regagner leur maison. Les voilà en train de faire du stop. Las ! dans cet immédiat après-guerre, il passait peu de voitures particulières, ou alors de petite envergure et bien occupées. Un brave routier s’arrête, et pose le problème : « Je peux prendre deux personnes dans la cabine, la troisième doit monter dans la benne, je vois pas bien lequel d’entre vous… » Pif, paf, pof, Grand-Mère avait déjà empoigné la portière de ses mains gantées de filoselle, posé un pied sur la roue, effectué un rétablissement malgré la longue jupe qui lui battait les chevilles, et trônait sur le chargement sans que son chapeau eût glissé d’un millimètre. A Grand-Père, médusé, elle expliquait : « Qu’est-ce que tu crois, j’ai grimpé toute ma jeunesse dans les arbres de la Pichardière, c’est pareil. »
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Noël 1979. Je suis en Hongrie, et avec mon amie Monika, nous visitons la superbe bibliothèque d’Esztergom. A l’époque, il y a très peu de touristes occidentaux en Hongrie, et surtout pas en hiver. Le gardien chef, qui connaît ma copine depuis qu’elle est petite, nous accueille chaleureusement, et signale : « Il y a deux Français qui viennent d’entrer, ton amie française les connaît sûrement, dépêchez-vous de les rattraper. » Naturellement nous n’en faisons rien, et le brave homme nous suit en murmurant que c’est dommage que nous ne les rejoignions pas, parce que je vais évidemment les reconnaître… Au seuil de la deuxième ou troisième salle j’aperçois le couple (nous étions les seuls visiteurs), et moitié pour soulager le bonhomme, moitié pour avoir la paix, je m’approche d’eux et leur explique pourquoi je les dérange un instant. Le monsieur m’apprend qu’il est là pour organiser un congrès de médiévistes l’an prochain à Budapest – tiens, serait-il chartiste ? Oui, et il bondit : il n’a pas connu personnellement le fameux André Lesort, mais très bien les Claude Sibertin-Blanc dont il me parle avec une vibrante affection qui me touche.
Le triomphe du gardien chef fut modeste, mais manifeste !
Esztergom, ville chargée d'histoire au bord du Danube |
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