André LESORT et Elisabeth LESORT née MADELIN vers 1930

André LESORT et Elisabeth LESORT née MADELIN vers 1930
Elisabeth née MADELIN et André LESORT en 1930 et 1934 ; leurs neuf enfants en 1929 devant La Pichardière ; avec leurs petits-enfants, noces d'or en 1956.

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Bienvenue sur notre blog familial Lesort-Madelin ouvert le 24 février 2010, jour anniversaire du mariage de nos grand-parents Lesort-Madelin en 1906.
Ce blog a été créé pour permettre la publication des archives familiales patiemment rassemblées et classées par notre grand-père André Lesort lui même puis par notre oncle Paul-André Lesort.
Nous publions régulièrement sur ce blog des extraits de ces archives qui nous paraissent intéressants, significatifs, cocasses ou émouvants.
Ce blog sert également de lien dans la durée entre les plus de 430 cousins et neveux que nous sommes, il permet donc de suivre l'actualité familiale dont vous voudrez bien nous faire part ou de partager votre connaissance de notre histoire familiale :
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Ce blog étant d'accès publique nous sommes toujours heureux de recevoir également toutes les contributions documentaires extérieures concernant notre famille ainsi que d'apporter nous-mêmes notre propre contribution à d'autres sites ou publications. Même adresse mail: lesortmadelin@gmail.com

Les nombreux articles parus ou encore à paraître sur notre blog, 320 au total, sont publiés au fur et à mesure sous forme de livres intitulés Famille Lesort-Madelin La Saga dont le tome VII est paru en novembre 2021, le tomes VIII en 2022 et une réédition du tome I en 2023 augmenté de plus de 100 pages d'articles publiés sur notre blog.



vendredi 26 février 2016

D'argent ou d'or, seules leurs dates d'anniversaire de mariage en furent pourvues ...



Grand-père et Grand-mère à la sortie de la cathédrale Saint-Louis à Versailles




L'ARGENT ET L'OR [... et la glace NDLR] par Gonzague Lesort

Le 24 février 1931, il faisait un froid terrible (comme cela se répétera vingt-cinq ans plus tard) et mes parents fêtèrent leurs noces d'argent, « l'air ravi » comme avait tendance à le dire ma mère de tous les gens qu'elle rencontrait, mais cette fois c'était parfaitement exact. On m'avait fait, pour cette grandiose circonstance, une chemisette rouge et une culotte bleu marine et Thérèse avait chemisier et jupe des mêmes couleurs, l'un et l'autre avec des cols marins. Et au cours de la messe à la Cathédrale, nous tenant par la main, nous fîmes la quête, regardant avec des yeux ronds les grosses pièces et les billets que les innombrables parents et amis de mes parents versaient, les yeux humides, dans la
coupe que nous présentions. J'avais 9 ans et Thérèse 6 .
A l'occasion de ce jubilé, nos parents remirent un cadeau à chacun de nous, et je recopie ici la dédicace que ma mère écrivit sur l'album que je reçus, qui est aujourd'hui encore dans ma bibliothèque, et qui s'intitule : « Les Mots historiques de France » : « Noces d'argent de Papa et Maman – A notre petit quêteur .. et à notre fils ».
Peu de temps après, ils commencèrent à marier leurs enfants, à commencer par Gertrude en 1932. Parfois c'étaient des amis de la famille qui présentaient « une jeune fille charmante, méritante et de très bonne éducation » à un monsieur « bien sous tous les rapports ». Tantôt les enfants se débrouillèrent tout seuls, le scoutisme et l'élargissement du carcan social (oh ! bien timide à cette époque) facilitèrent ces rencontres. Pour moi, mais ce fut longtemps après, je fis ce que les mobilisés de 1914, puis ceux de 1939 crièrent mais ne firent pas : « Nach Berlin », mais ceci est une autre histoire que j'espère être en mesure de raconter le moment venu.

Neuf enfants élevés, neufs enfants mariés, mariés à des gendres ou à des belles-filles conformes aux souhaits et aux idées de mes parents, et d'où allaient descendre beaucoup de petits enfants, voilà de quoi les rendre heureux. 
Et ils le furent.Et l'exprimèrent de tout leur cœur lors de leurs noces d'or, le 24 février 1956, jour où, comme 25 ans plus tôt, il faisait un froid abominable et l'abbé Pierre lançait pour la troisième fois son appel pour les sans-logis. 
Nous étions en Sarre, mais j'étais alors en mission à Paris pour quelques jours. J'allais donc la veille de la cérémonie chercher Maggy arrivant à la gare de l'Est, avec ses trois garçons, dont Gilles âgé d'un mois et couché dans un « promène-bébé » prêté par l'Ambassadrice de Carbonnel. Je revois encore la locomotive à vapeur du train, entrant dans la gare, couverte de glace, de stalactites, d'eau gelée comme dans le film « Docteur Jivago ». 
A la sortie de la gare, pas moyen d'avoir un taxi, ils faisaient grève. Après un long moment d'attente, pendant lequel nous avions mis le petit Gilles à l'abri des courants d'air glacés derrière une porte, excédé, je hèle un agent de police qui passait en portant une curieuse petite caisse en bois et je lui explique que j'ai là un nouveau-né qui va sûrement attraper la mort si nous ne pouvons avoir un taxi : « Faite excuses, Monsieur, répondit l'agent, nous on est pas chargé des nourrissons, on est là pour ramasser les chiens qui sont morts de froid » et il me montra sa caisse. 
Découragés et glacés, les cinq Lesort partirent à pied jusque chez les Taillandier (sœur et beau frère de Maggy habitant près de la gare du Nord). Nous y dînâmes et gagnâmes ensuite en métro la gare Saint Lazare pour gagner Versailles. A 10 heures du soir, nous remontâmes la rue Richaud. Jean Sébastien qui venait d'avoir sept ans et Olivier, cinq, titubaient sur les plaques de glace et pleuraient de froid, et l'on ne m'a pas cru quand j'ai dit que leurs larmes gelaient sur leurs petites figures.
Le lendemain, à la sortie de la messe célébrée en grande pompe à la Cathédrale de Versailles, les quelques membres de la famille qui avaient une voiture à leur disposition firent la navette entre l'église et la maison Chamussy, rue des Etats Généraux où avait été organisé un grand repas. Les personnes qui sur le perron de la Cathédrale attendaient leur tour de voiture se mirent à danser et à chanter pour se réchauffer. 
Mais il faisait si froid, bien que très beau, que nous nous réfugiâmes dans un petit bistrot voisin, où l'un d'entre nous eût cette conversation avec l'un des occupants du zinc :

« Qu'est-ce qu'ils font tous ces gens à chanter et à danser ?

- C'est parce que c'est le jour des noces d'Or de nos parents...

- Qu'est c'est qu'ça ?

- Cinquante ans de mariage !

- C'est pas vrai ! Cinquante ans avec la même bonne femme ! Qu'est-ce qu'il a dû s'emmerder !!"

Où, une fois de plus, la Vox Populi exprimait exactement le contraire de la vérité. Car mes parents, malgré tous les obstacles qu'ils avaient eu à surmonter, les difficultés de l'éducation de leurs difficiles enfants, les angoisses de deux guerres et bien d'autres tourments, avaient vécu très heureux pendant ces cinquante années. 
En ayant eu l'idée, je fus chargé par mes frères et sœurs d'annoncer à mes parents à la fin du déjeuner, après un toast émouvant de notre père, que nous leur offrions à l’occasion de leurs noces d'or, un voyage à Rome, symbole religieux et historique de cet événement. Ils gardèrent de ce « voyage de noces » un merveilleux souvenir.

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