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Henri de Nolhac. Autoportrait. |
Imperturbable,
« un monsieur très bien », fait sauter des pommes de
terre sur un feu de pommes de pin dans une cheminée.
C'est en 1940, à
Argelès-Gazost où notre grand-mère Elizabeth Lesort a échoué
après un exode dantesque à travers toute la France ; elle est
presque seule, elle est désemparée mais elle est invitée à goûter
chez des amis, elle nous présente Henri de Nolhac.
C'est là que son
récit d'exode souligne la gentillesse, la serviabilité et la
générosité des Nolhac à son égard, ce qui l'avait grandement
aidée à surmonter sa détresse d'exilée si loin de chez elle et
des membres de sa famille, dispersés voire disparus.
Il nous plaît
donc de rendre hommage à Henri de Nolhac à ce titre mais aussi en
tant qu'artiste de talent et portraitiste renommé puisqu’on l'a
comparé à Ingres pour ses portraits au crayon.
Comme le rappelait
dans son récit notre grand-mère, Henri de Nolhac, jeune, avait
habité le plus beau palais du monde, le château de Versailles bien
sûr, dont son père, le bien connu Pierre de Nolhac avait été le
conservateur.
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Sa fille, Elizabeth de Nolhac |
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Sa sœur, Marie-Louise au château de Versailles |
Ce même Pierre de
Nolhac, qui relatant le voyage qu'il effectua tout jeune homme à
Paris en 1878 à l'occasion de l'exposition universelle dans « La
Résurrection de Versailles » sous la mention « Premier
souvenir, » écrivit « Ce qu'il y a de plus beau à
Paris, c'est Versailles » (pas mal ...).
Une anecdote
amusante mais vraie, raconte comment Pierre de Nolhac, plutôt
spécialiste des écrivains de la Renaissance italienne, fut un jour
informé par un ami d'un poste à pourvoir parfait pour lui:
« l'endroit est très bien, tu seras logé, un peu payé et tu
auras beaucoup de temps libre pour tes travaux littéraires ».
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Pierre de Nolhac par Henri de Nolhac |
En fait un poste
de conservateur adjoint au château de Versailles où la chambre du
roi et la galerie des glaces sont alors les rares témoins du faste
de Louis XIV à coté d'un musée des grandes gloires françaises
créé par Louis-Philippe que personne ne visite.
Arrivé au château
en 1887, il en devint conservateur en 1892, à la mort de son
prédécesseur, et décidé à « rendre le château au
château », il fouille les combles, retrouve des chefs-d’œuvre
du XVIIe et XVIIIe, des catalogues de soieries de la même époque
pour mobiliers et rideaux, sollicite des crédits et des dons,
retrouve et rachète des meubles provenant du château, réorganise
les collections, restitue les décors anciens, bref donne un élan
décisif à la renaissance du château en tant que tel.
Un tel
environnement a certainement stimulé les goûts artistiques du jeune
Henri de Nolhac, qui déjà tout jeune dessinait abondamment sur ses
cahiers scolaires.
Il s'orienta donc
tout naturellement vers l’École des Beaux-Arts où il fut l'élève
de Maurice Lobre et surtout de Léon Bonnat.
Par la suite, la
carrière d'Henri de Nolhac fut entièrement consacré au métier
d'artiste, principalement dans le domaine dans lequel il excellait,
le portrait au crayon, qui lui procura l'essentiel de ses revenus
mais nécessita d'incessants déplacements, malgré les atteintes
douloureuses d'un mal de Pott tenace (tuberculose osseuse).
Possédant une
très grande technique, son dessin était rapide, sans gomme, tout
trait indésirable n'étant corrigé que par un autre trait.
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Jules Romain par Henri de Nolhac |
Cette maestria du
dessin, souvent rehaussé de sanguine, le fit rechercher comme
portraitiste dans la bonne société, les milieux littéraires,
politiques et diplomatiques de son époque, y compris aux États-Unis
où il se rendit deux fois dans les année trente, mais où son
succès fut malheureusement limité par la Grande Dépression.
Moins
connu comme peintre, il exposa pourtant régulièrement au Salon et a
laissé de nombreuses toiles de qualité et des portraits
d'excellente facture, illustrés par une vente chez Drouot en mars
2014 dont le catalogue est accessible par le lien suivant (voir
les pages 26 à 43 pour Henri Girauld de Nolhac):
Henri de Nolhac
fut également sollicité pour de nombreuses illustrations, en
particuliers de livres et de journaux pour enfants, pour des
affiches, en particulier pour la société de cinéma Éclipse et par
les fameuses Éditions Larousse.
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Illustration pour la revue Lisette |
Sa renommée
d'illustrateur, notamment pour la presse enfantine, lui ouvrira les
portes des éditions du Petit Écho de la mode, pour la revue Lisette
et les collections « Stella ».
Si la nature
l'avait doté d'une facilité certaine, Henri de Nolhac, sa vie
durant ne cessa pourtant jamais de travailler à améliorer sa
technique, que ce soit à l'académie de peinture de la Grande
Chaumière où posaient des modèles, ou que ce soit dans la rue ou
dans la nature sur son carnet de dessin qui ne le quittait que
rarement.
Voilà donc qui
était Henri de Nolhac, dont l'aide apportée par lui et par son
épouse, fut si précieuse à notre grand-mère désemparée et je
voudrais remercier ici son fils, Jean de Nolhac, qui m'a
chaleureusement accueilli chez lui et dont les indications m'ont
permis une évocation si personnelle de sa famille dont il m'a
confirmé qu'elle connaissait bien nos grands-parents.
Je le remercie
également de m'avoir permis de consulter les précieux cahiers de
dessin de son père.
Je voudrais enfin
remercier notre amie, Martine de La Forest Divonne, qui m'a
volontiers accompagné chez son grand-oncle Jean de Nolhac après que
j'eus découvert tout à fait fortuitement au cours d'une balade en
Bretagne qu'elle était l'arrière-petite-fille de Pierre de Nolhac.
Étonnant, non ?
François Lesort
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Nous regardons les carnets de dessin avec Martine de La Forest Divonne et Jean de Nolhac |