André LESORT et Elisabeth LESORT née MADELIN vers 1930

André LESORT et Elisabeth LESORT née MADELIN vers 1930
Elisabeth née MADELIN et André LESORT en 1930 et 1934 ; leurs neuf enfants en 1929 devant La Pichardière ; avec leurs petits-enfants, noces d'or en 1956.

Bienvenue

Bienvenue sur notre blog familial Lesort-Madelin ouvert le 24 février 2010, jour anniversaire du mariage de nos grand-parents Lesort-Madelin en 1906.
Ce blog a été créé pour permettre la publication des archives familiales patiemment rassemblées et classées par notre grand-père André Lesort lui même puis par notre oncle Paul-André Lesort.
Nous publions régulièrement sur ce blog des extraits de ces archives qui nous paraissent intéressants, significatifs, cocasses ou émouvants.
Ce blog sert également de lien dans la durée entre les plus de 430 cousins et neveux que nous sommes, il permet donc de suivre l'actualité familiale dont vous voudrez bien nous faire part ou de partager votre connaissance de notre histoire familiale :
envoyez nous vos avis, faire-parts, photos, documents, histoires familiales à l'adresse lesortmadelin@gmail.com ; nous en publions régulièrement sur ce blog.
Ce blog étant d'accès publique nous sommes toujours heureux de recevoir également toutes les contributions documentaires extérieures concernant notre famille ainsi que d'apporter nous-mêmes notre propre contribution à d'autres sites ou publications. Même adresse mail: lesortmadelin@gmail.com

Les nombreux articles parus ou encore à paraître sur notre blog, 320 au total, sont publiés au fur et à mesure sous forme de livres intitulés Famille Lesort-Madelin La Saga dont le tome VII est paru en novembre 2021, le tomes VIII en 2022 et une réédition du tome I en 2023 augmenté de plus de 100 pages d'articles publiés sur notre blog.



samedi 26 décembre 2015

Quand voyage et cousinage riment avec partage (de bons moments)


Notre cousin Patrice Bidault et Gina, sa compagne, ont réalisé à l'automne dernier une belle tournée européenne de quatre semaines passant par Paris,Vienne, Prague, Budapest, Munich, Berlin et retour à Paris.
L'organisation en individuel d'un tel voyage depuis le Mexique est plutôt complexe et le dossier correspondant devait d'ailleurs compter au moins  deux cent pages, aussi Patrice avait-il demandé à ses cousins Christophe et François Lesort de lui prévoir une dernière semaine en France combinant retrouvailles familiales et tourisme.
C'est le sympathique récit de cette semaine avec ses cousins et les impressions qui lui en restent que Patrice nous a envoyé et que nous vous faisons partager ( pour agrandir cliquer sur les photos) :

Mes impressions sur notre dernier voyage.


Tel que prévu, nous sommes arrivés a la gare d’Angers le 21 octobre dernier pour passer deux jours en compagnie de Joëlle et Christophe à Angers et deux jours avec Claire et François à Saint Malo pour visiter peut être le plus beau monument de France : Le Mont Saint Michel qu’on n'avait pas pu visiter a l’occasion de nos visites précédentes.
A Angers, impossible d’avoir une réception plus chaleureuse en commençant par nous reconnaître tous les quatre, puisque que nous avions juste fait connaissance pendant la cousinade de 2009 à Versailles où ils nous avaient invités à leur rendre visite chez eux et voila ; tout devenait une réalité 6 ans après.
Valises en mains, voiture roulante, nous sommes partis chez eux pour nous loger, déjeuner ensemble et nous voila repartis pour flâner dans les rues d’Angers avec Christophe, parce que Madame avait quelques choses à faire.


Chez Christophe : Joëlle, Gina, Patrice
Patrice fait la connaissance de deux nouveaux cousins très poilus
Patrice et Joëlle dans Angers

Joëlle, Patrice et Gina recueillent un chat
Très agréable ville à visiter, tout en commençant à poser nos « trente mille questions », comme dit la vieille chanson de Bécaud. Visite de la vieille ville du roi René et puis coup de téléphone de Joëlle pour nous prévenir qu’elle venait nous rejoindre.
 Les trente mille questions continuaient de part et d’autre pour mieux connaître la famille, celle que nous connaissions et celle que nous ne connaissions pas encore mais qu’un jour, on espère, on connaîtra peu à peu.
Voici Madame qui apparaît et nous continuons à flâner dans la vieille ville pour finir par boire un petit verre tout en haut du Théâtre. De l’autre coté de la rivière Maine, la ville toute illuminée nous offre un spectacle très beau et très agréable.
Rentrés à la maison, une fois de plus, madame nous surprend avec une excellente soupe de légumes, des huîtres et un poisson inoubliable, le tout arrosé avec des vins de Loire de vignobles connus de Christophe et encore une fois les anecdotes de famille. 
On se sent proches les uns des autres et plus en se sent proches, plus on ressent que nous appartenons vraiment à une même famille. 
Après le dîner, au dodo dans un lit délicieux.
Petit déjeuner, et puis on continue à bavarder : Grand-père, Grand-mère, l’oncle Paul André, l’oncle Gonzague, les cousins, les cousines, les tantes , le Mexique et les deux parties de la famille séparées par une guerre ; je ne sais pas si tous réalisent toute l’importance dramatique que l’Histoire a imposé à notre famille.
Le lendemain, belle promenade tous les quatre pendant l’après midi à coté de la rivière (après les galettes et les crêpes), tous souriants, tous contents de se revoir, mais la surprise principale n’avait pas encore eu lieu. Le soir, au dîner, encore 3 étoiles pour Joëlle : foie gras cuisiné par elle-même. Nous comprenons ( Gina et moi), pourquoi elle nous a rejoints plus tard cet après-midi. Je suppose que le foie était dans le four. Une telle délicatesse comme celle là, mérite les 3 étoiles.
Et encore la conversation, les blagues, le dîner, etc…pendant que nous voyons à la TV l’ouragan qui frappait la côte Mexicaine, ….et rien ne s'est passé.
Quelle bonne journée, quelles agréables promenades, quelle compagnie si proche….et si engagée à nous faire passer de si beaux moments. Il faudra revenir un jour ou les recevoir (ce que j'aimerais bien) chez nous au Mexique.


Joelle, Gina et Patrice au bord du Maine

Christophe et Patrice
Capucine, Christophe, Gina et Patrice
Le jour suivant après le petit déjeuner, Joëlle avait des choses à faire, alors nous avons passé la matinée à admirer avec Christophe la magnifique tapisserie de l’Apocalypse au Château et nous sommes rentrés à la maison pour déjeuner tous ensemble avant de partir prendre le train pour Saint-Malo l’après-midi, et c'est là que nous avons eu la plus agréable des surprises de notre séjour à Angers : la présence de Capucine, qui était venue de Nantes pour passer quelque jours de vacances avec ses parents. Quel agréable déjeuner en pleine harmonie ! Nous en avons profité pour l’inviter à venir passer quelque temps au Mexique où elle sait déjà qu’elle peut compter sur un foyer pour la recevoir le temps qu’elle voudra pour connaître ce beau pays . Évidemment ses parents sont invités aussi.
Hélas, tout ce qui commence doit finir et après le déjeuner, Christophe s’est offert pour nous amener à la gare pour partir vers Saint-Malo ou nous devions rejoindre Claire et François pour passer encore deux jours de plus.
Merci infiniment de votre accueil à vous trois ; nous nous sommes sentis vraiment chez nous et de notre point de vue, vous méritez plus que 3 étoiles Michelin. Donnez nous l’opportunité de partager notre maison avec vous, de la façon si gentille que vous avez partagé la vôtre.
25 Octobre, nous arrivons à la gare de Saint-Malo. L’hôtel est juste en face du parking de la gare. Nous sommes fatigués et il fait froid. Tout est fermé à cette heure là, alors nous prenons un kebab debout dans un petit restaurant du trottoir et nous rentrons à l’hôtel. P’tit Calva pour nous réchauffer, une douche bien chaude et au lit car demain tout indique que si François arrive tôt le matin depuis sa maison de Bretagne, nous allons avoir une longue promenade toute la journée.
Nous prenions le petit déjeuner à l’hôtel quand on les voit arriver juste à temps pour le prendre ensemble. Et alors … Quel plaisir ! Il y avait longtemps qu’on s'était vu au Mexique. Les enfants vont bien ? A Tokyo, ça marche pour ton fils ? et Bla…Bla…Bla…comme commencent toutes les rencontres des gens qui s’aiment bien et ne se sont pas vus depuis un certain temps.
Mais il faut partir pour connaître Saint-Malo, le château, le port, etc.…et au bout d'un certain temps… alors nous voudrions vous montrer Dinard et nous voilà partis. Belle plage, la statue de Mr. Hitchcock nous salue, quelques photos, un croque Monsieur et nous voilà repartis vers Dinan pour connaître cette magnifique petite ville qui comporte même une église moitié romane et moitié gothique. Impressionnant ! et de retour à l’hôtel nous allons dîner dans un magnifique restaurant où ils avaient fait une réservation. Dîner délicieux, le vin évidemment aussi (pas possible de trouver du bon vin au Mexique, hélas !). Nous sommes même allés féliciter le Chef parce que vraiment il le méritait.  A 11H du soir, il lavait encore ses casseroles…quelle vocation !…..Rentrés à l’hôtel pour être prêts tôt le matin suivant pour aller au Mont Saint Michel.


Port de Saint-Malo. Patrice, François, Gina.

Saint-Malo

Dinard, la statue de Mr Hitchcock salue Gina, Patrice et Claire

Les mêmes à Dinan, sur la Rance











Je ne vais pas vous parler du Mont car je suppose que toute la famille le connaît, mais nous n'oublierons jamais que nous l’avons visité en aussi agréable compagnie et avec toutes les explications nécessaires que vous savez que François connaît.
Je ne veux plus m’étendre en vous expliquant le reste de ce très agréable week-end pour ne plus vous ennuyer . Je termine seulement avec les deux derniers endroits que nous avons visités : Cancale et La Pointe du Grouin. 


Devant la merveille de l'Occident

A regret, le retour

Après ça nous sommes rentrés à l’hôtel pour nous dire malheureusement au revoir et à la prochaine parce qu’ils devaient repartir. Avec vous ou avec n’importe quel membre de la famille, tout le monde doit savoir qu’il existe un hébergement au Mexique pour celui qui voudra venir à n’importe quelle saison.
27 octobre. Nous reprenons le train pour Paris en nous préparant à rentrer au Mexique. Quand même il y a une petite larme qui glisse sur ma joue en essayant de répondre à la question que je me pose à chaque fois que je viens en France : que serais-je si mes parents n’avaient pas pris la décision de quitter la France pour venir habiter Le Mexique ?

Mexico, D .F. 9 Décembre 2015.
Patrice Bidault


Interview de Gonzague Lesort. Orpea magazine. Avril-juin 2015



Notre cousin Jean-Michel Dhavernas, merci à lui, a eu l'amabilité de nous communiquer un article sur notre oncle Gonzague Lesort paru dans le magazine interne aux résidences Orpea dont dépend la résidence Churchill à Bruxelles où habite notre oncle Gonzague.
Le magazine, daté d'avril-juin 2015 et récupéré sur place par Jean-Michel, était, petit inconvénient pour certains, en flamand mais nous avons facilement trouvé sa version française par la magie d'internet.
Il nous a paru intéressant de vous faire partager ce témoignage.
Vous pouvez lire l'article ci-dessous ou en cliquant sur le lien suivant pour une image de meilleure qualité :

interview Gonzague Lesort












vendredi 27 novembre 2015

19 novembre 1905.Fiançailles d'Elizabeth Madelin et d'André Lesort.




Il y a tout juste 110 ans, en novembre 1905, fut célébré le premier acte "officiel" à l'origine de la création de notre grande famille Lesort-Madelin : les fiançailles de nos grands-parents.
Nous vous avions raconté les péripéties des rencontres à caractère matrimonial de nos grand-parents et le télégramme pneumatique "de la dernière chance" envoyé par Louis Madelin dans l'article du blog de janvier 2013.
Grâce à ce télégramme les fiançailles furent célébrées le 19 novembre 1905, et Jules Madelin, le frère aîné des Madelin y porta un toast que notre grand-mère reporta sur un charmant petit carnet illustré par elle (archives Lesort-Madelin).
Le premier janvier 1906, son cousin Paul Xardel, lui envoya une ballade à remettre à son fiancé qu'elle recopia également dans son petit carnet.
Nous reproduisons ici ce petit carnet, sauf pour la ballade de Paul Xardel dont nous reproduisons l'original.

        Pour agrandir cliquer sur les documents.

Le mariage qui suivit le 24 février 1906 fut célébré dans l'intimité à cause de la mort brutale d'Amédée Madelin, père de notre grand-mère, le 10 janvier 1906.

Le toast de Jules Madelin recopié par Elizabeth Madelin.





La ballade de Paul Xardel









L'original de la ballade de Paul Xardel



Une aventure familiale plutôt exceptionnelle : vers l'Asie à vélo!



Les vaillants cyclistes ...

Lors du week-end familial à Bruxelles fin septembre nous avons appris qu'Antoine Chamussy, le fils de nos cousins Benoît et Agnès, était parti pour un voyage au long cours à vélo avec toute sa famille en août dernier.
Sans doute a t'il hérité du gène du voyageur de nos cousins Chamussy qui fit sillonner, dans leur jeunesse, la France à solex et l'Europe à moto à ses oncles Henri et Vincent et qui fit de Benoît, dans son jeune temps, l'as du camping-car bricolé à partir de vielles fourgonnettes pour partir en voyage.
Et ce n'était qu'un début pour ces cousins qui ont sillonné le monde par la suite ...

Antoine, lui non plus, n'est pas un débutant en la matière car il était déjà parti un an à vélo faire le tour du monde avec un copain en 1999-2000 et avait ainsi visité 29 pays autour du monde; mais cette fois le défi est d'autre nature car il part, à vélo, avec sa femme et leurs trois enfants pour une année de découverte vers l’Asie.
Partis le 20 août dernier de Montpellier, ils sont actuellement en Grèce après avoir déjà traversé une demi douzaine de pays à vélo ...

Antoine a créé un blog très sympa qui permet de suivre régulièrement leur périple, leurs rencontres, leurs découvertes et leurs aventures avec reportages, commentaires, photos, vidéos ...
Dans la page d'accueil, il nous explique :

Pourquoi ce périple ?

  • Pour vivre…
    • …notre rêve !
    • …simplement, librement, lentement !
  • Pour se donner du temps en famille.
  • Pour éveiller nos enfants à la beauté du monde et de ses habitants.
  • Pour partager des bouts de vie avec ceux que l’on rencontrera.
  • Pour se laisser surprendre: Être ouvert et disponible à tout ce qui se présentera devant nos roues…

Pour accéder au blog d'Antoine que nous vous recommandons d'aller voir régulièrement, cliquer sur :

leschamavelo.wordpress.com


... avec leurs drôles de machines


vendredi 30 octobre 2015

Henri Chamussy, un grand géographe nous a quittés.




Dans tout ce qu'on peut lire sur notre cousin Henri Chamussy, il est toujours décrit comme s'engageant avec passion dans de multiples activités tout en faisant preuve de nombreuses qualités personnelles.
Pour mieux le souligner et mieux illustrer encore toutes ces qualités professionnelles et humaines, nous avons reproduit des extraits de quelques hommages très significatifs qui lui ont été rendu dans ses domaines d'activité; ils reflètent combien il y était autant reconnu qu'apprécié.
Henri s'était également impliqué pendant douze ans dans un groupe de travail au Centre Théologique de Meylan-Grenoble.






Quatre hommages à Henri Chamussy (extraits).

Groupe Dupont.

Henri a été un géographe passionné.

Il est difficile d’évoquer en quelques mots ne serait-ce qu’un florilège de ce que la géographie
lui doit. Mais il faut débuter par ce qui a été constamment pour lui sa passion première : être
enseignant. Tous les témoignages concordent : Henri fut un professeur génial. Cet engagement
pédagogique, enraciné dans l’évidence, pour lui, du partage et du dialogue, il l’exprima avec
nostalgie quand, atteint par la limite d’âge (c’était il y a maintenant un peu plus de 14 ans), il a dû,
ainsi qu’il disait, n’être plus que chercheur et non plus « enseignant-chercheur » ; cette formule
administrative, dans le cas d’Henri, prend un sens quasi ontologique.

Rien d’étonnant donc qu’il ait été l’un des tous premiers géographes universitaires qui se soit
senti concerné par l’émergence de la didactique de la géographie. Il faut se souvenir de
l’enthousiasme avec lequel il avait incité ses collègues à participer aux colloques de didactique de
l’INRP. Il fut, dans ce contexte, l’un des fondateurs, puis un pilier de l’AFDG (Association Française pour le Développement de la Géographie) et contribua beaucoup aux universités d’été de l’association qui réunissaient des enseignants géographes de tous types.

Ce n’est néanmoins qu’un aspect de son engagement professionnel multiforme que l’on peut
regrouper sous le signe du lien. Henri a constamment relié. Ce fut, bien sûr, une constante de sa
présence, plus que trentenaire (sans compter la quinzaine d’années en tant qu’honoraire), à l’Institut
de Géographie Alpine, l’I.G.A., dont il a, entre autres, assuré la direction. Parmi ses nombreuses
responsabilités, ses collègues ont retenu surtout son rôle de coordinateur des programmes Erasmus
de l’université Joseph Fourier, fonction qui l’a fait beaucoup voyager et qu’il aimait toujours évoquer.
Voilà une tâche de liaison, s’il en est !

Il est ainsi logique que son œuvre intellectuelle ait été réalisée avec la systémique pour
horizon : les interrelations, donc les liens. Rien de surprenant non plus que cette œuvre ait été
essentiellement collective : beaucoup d’articles, peu de livres. On aurait aimé qu’il nous mette noir
sur blanc une synthèse de sa pensée. Je cite la première phrase d’un des textes magnifiques, « Un
instant d’éternité », qu’il a donné aux Brouillons Dupont (le n° 11 de 1983) :
«  Ces quelques folles pages (comme on dit de la folle avoine) ne sont que les grains d’un
livre que j’écrirai un jour, si j’en ai le courage, le temps et surtout la compétence, et qu’en
tout cas, je le sais, je porterai en moi jusqu’au jour ou je perdrai la conscience d’avoir une
conscience : ce livre s’appellera La Liberté et la Finalité. »

Mais le monument solitaire, ce n’était vraiment pas son style. Retenons deux ouvrages, écrits
bien sûr à plusieurs mains :

- récemment (2012) : Le Liban, géographie d’un pays paradoxal, avec Liliane Buccianti-Barakat
où il a pu infuser sa passion pour ce petit bout de Proche-Orient généreux et meurtri ;

- et, bien sûr, l’Initiation aux méthodes statistiques en géographie, plus connu par le nom de son auteur collectif : Chadule.
La première édition est de 1974 et il y eu ensuite nombre de rééditions. Ce fut, pour plusieurs
générations d’apprentis géographes un passage obligé et cela l’est largement encore.

Son talent d’écriture, incontestable (Henri est un vrai écrivain), s’épanouissait mieux dans le
« moyen-court » car il ne trouvait le temps que pour des textes brefs
Très peu d’auteurs en géographie ont des textes aussi fréquemment cités. On ne peut pas ne
pas évoquer « La carte de l’empire » (Brouillons Dupont n°9, 1982), brillantissime analyse
épistémologique en forme d’hommage à Borges. Une tâche s’impose maintenant et de toute
urgence aux géographes qui lui sont proches : rassembler tous ces textes généreusement dispersés.
Surtout, il faut exhumer tous ceux qu’il n’a pas publiés. Il en avait beaucoup « sous le coude ». Le
Groupe Dupont se réunit la semaine prochaine pour ouvrir ce chantier, mais l’appel doit être fait à
toutes les bonnes volontés, professionnelles et familiales.

Le Groupe Dupont : voilà certainement la plus grande aventure intellectuelle et amicale
d’Henri auquel il s’est voué corps et âme. Il y a eu trois réunions depuis le début de l’année 2015 et,
malgré sa fatigue, il n’en a manqué aucune. Il est encore intervenu brillamment à la dernière, en juin
à Lisbonne. Henri incarne, en effet, au plus haut point le vécu d’une génération de géographes, nés
entre le début des années 30 et celui des années 40 qui se sont trouvés confrontés à un vieux monde
universitaire vermoulu, obsolète, et qui l’on affronté et révolutionné. Les talents de polémistes
d’Henri y ont fait merveille, que ce soit localement par les remarques du « sous-commandant La
Cuesta », ou plus largement par ses textes imaginatifs comme les aventures du célèbre Théo Quant.

Henri était « Père fondateur » du Groupe, un titre dont il était très fier, groupe qui s’était
amorcé aux journées géographiques d’Aix-en-Provence de 1971 et qui décida de pratiquer un
enseignement coopératif de ce que ne pouvait leur donner le milieu professionnel d’alors.
« Dupont », patronyme volontairement anonyme, qu’un heureux hasard fit « d’Avignon »,
rassemblait ceux des géographes qu’Henri nomma, par le titre d’un de ses articles, « les enfants du
paradigme ». Ce partage coopératif, ils l’ont vite étendu, dès 1976, à tous ceux qui le voulaient en
créant les colloques biennaux Géopoints dont Henri fut un inlassable animateur.

Henri, nous te devons tant, au titre collectif de la géographie, comme individuellement chacun d’entre nous. Pour payer un peu notre dette, nous te devons de continuer, comme tu l’as fait, jusqu’au bout.
Tous les géographes, même ceux que tu as étrillés, te disent MERCI.
.


Association des amis de la bibliothèque orientale de Beyrouth

L'Association des amis de la Bibliothèque orientale de Beyrouth (AABOB), dont il était membre fondateur et secrétaire général depuis 2006, perd en lui un homme d'un engagement sans faille, un militant de l'amitié franco-libanaise débordant d'énergie, de bonne volonté, d'idées, un amoureux du Liban, pour lequel il n'a jamais cessé de vouer une profonde affection et où il n'a pas cessé de se rendre en mission, pour enseigner, écrire, s'occuper de la cartothèque de la Bibliothèque orientale qu'il a contribué à préserver, en la classant et en l'archivant.
Henri Chamussy, cousin germain de l'ancien père recteur René Chamussy, a toujours manifesté son enthousiasme pour tout ce qui touche à l'Université Saint-Joseph, où il fut un pilier de la faculté de géographie, et à la Bibliothèque orientale, pour la préservation de laquelle il milita ardemment. Il réfléchissait constamment à la meilleure manière de défendre le patrimoine culturel que cette bibliothèque recèle, avec ses milliers d'ouvrages et d'archives historiques inédites.
Il nous manquera, à tous, comme il manquera au Liban, ce « pays paradoxal » qu'il a connu aussi intimement qu'un agrégé de géographie comme lui peut connaître un pays, et qu'il aimait avec ses failles et ses lacunes, de cet amour authentique dont atteste l'ouvrage qu'il a cosigné avec sa collègue Liliane Buccianti-Barakat, Liban – Géographie d'un pays paradoxal.
La silhouette et la voix de ce voyageur infatigable nous accompagneront toujours. Rue de Grenelle à Paris, longtemps encore nous observerons la petite allée où il arrivait en traînant son bagage à roulettes, venant de sa chère Bourgogne, ayant réussi à jongler encore une fois avec les horaires des trains, pour accomplir sa tâche de secrétaire général de l'association. Longtemps encore, à la fin de nos réunions, nous le verrons se hâter lentement pour rattraper le dernier train du soir, en nous criant : « À bientôt ! »

Institut de Géographie Alpine (IGA)

Entré à l’Institut de Géographie Alpine (IGA) en 1970, Henri Chamussy fut actif pendant 40 ans. Son parcours d’enseignant et de chercheur s’inscrit parfaitement dans l’histoire d’un Institut et d’une discipline dont il aura été un acteur important durant plus de quatre décennies.
Très cultivé, curieux et ne craignant pas la controverse, ce grand intellectuel n’a pas hésité à mettre les mains dans le « cambouis universitaire » et a contribué à l’évolution de la discipline géographique de la seconde moitié du XX° siècle.
Tonitruant parfois, un brin provocateur mais toujours bienveillant, ce géographe grenoblois était capable d’embrasser toute la discipline francophone et anglophone, un exploit devenu impossible aujourd’hui.
Appelé en 1970 par Paul Veyret, alors directeur de l’IGA, à mener des recherches sur les transports dans les Alpes, il a participé au développement du courant « quantitatif ». 
Partisan d’une « géographie critique », il se faisait notamment remarquer par les pamphlets qu’il adressait régulièrement à ses collègues sous le pseudonyme de « Sous-Commandant la Cuesta ».
Henri Chamussy fut présent à chaque étape de l’évolution de la discipline géographique. Alors que dans les années 80, l’I.G.A. préparait essentiellement les étudiants à l’agrégation, lui le théoricien a soutenu le déploiement de la dimension opérationnelle de la géographie avec l’ouverture d’un diplôme professionnalisant en « aménagement et développement ». Il s’impliqua également dans l’introduction des outils statistiques et informatiques dans les enseignements avec la publication d’un ouvrage - devenu référence - à destination des étudiants intitulé « Chadule ».
Henri Chamussy fut également actif pour l’ouverture à l’international des études de géographie et construisit des partenariats qui permirent le développement des échanges ERASMUS. Ses recherches étaient largement orientées vers l’international : travaux au Liban à l’Institut Saint-Joseph, soutien à ses collègues impliqués dans les universités du Niger, du Maghreb et du Québec où il séjourna.
Henri Chamussy fut à plusieurs reprises à la tête de l’Institut de géographie alpine (IGA).
Il découvrit avec malice les joies de l’administration et s’amusa du classement des piles de dossiers à traiter, entre « urgent », « très urgent » et « trop tard ».
Au-delà de la discipline géographique et de l’académie, celles et ceux qui l’ont connu se souviendront longtemps de l’homme qui faisait vibrer les couloirs de l'IGA de sa voix puissante, de ses sifflotements, de son humour sans faille, de son immense culture et de sa truculence.

Groupe Dupont

Henri a occupé une large place dans la communauté des géographes. On se souviendra d’un collègue actif et passionné par la géographie. D’une culture et d’une ouverture d’esprit immenses, il fut un géographe des interactions, très concerné par les problèmes de ce temps.
Il a fait preuve d’une activité multiforme au service de notre discipline dans ses enseignements à l’Institut de Géographie Alpine dont il a été un animateur important et l’un des directeurs, mais aussi par ses activités dans une grande variété des lieux de la géographie comme les colloques Géopoint et les réunions du Groupe Dupont, le Forum de Saint Dié, des comités de rédaction de revue, les colloques européens de géographie quantitative, l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, et tant d‘autres encore.
Il a nourri l’esprit de nombreux d’étudiants de ses cours d’épistémologie inoubliables, profonds et jubilatoires, et s'est très tôt engagé dans la promotion des échanges universitaires européens, avec Erasmus, conscient des opportunités offertes pour les nouvelles générations de géographes. Il laisse des écrits qui manifestent son intérêt pour le monde et sa complexité, son talent d’écriture plein d’humour et de sens de la provocation bienvenue et bienveillante.
Des qualités qui se manifestaient dans des interventions orales aux formules bien frappées, servies par une voix puissante.
Ceux qui, comme nous, étaient de ses amis proches ne peuvent que dire leur chagrin de la perte qu’ils éprouvent avec la disparition d’un être sensible et humain, drôle et sérieux à la fois, en compagnie duquel on ne s’ennuyait jamais, et auquel on se confrontait toujours avec bonheur.

Parcours universitaire et professionnel :

1953-1954   Lycée Hoche à Versailles  baccalauréat 2ème partie
1954            classe préparatoire  au lycée Condorcet à Paris
1959            Licence de géographie à la Sorbonne Paris
1960            Diplôme d'Etudes Supérieures à La Sorbonne
1965            Agrégation de Géographie Paris
1959-1968  Enseignement secondaire (Rambouillet puis Grenoble)
1968-1972  Assistant Université de Grenoble
1972-1984  Maître Assistant- Université Joseph Fourier, Grenoble
1984-19..   Maître de conférences –Université Joseph Fourier, Grenoble
1977-1979 et 1984-1985  Directeur Adjoint de l'Institut de Géographie Alpine, Université Joseph Fourier, Grenoble
1985-1987  Directeur de l'institut de Géographie Alpine
1987-19..   Directeur Adjoint, Institut de Formation des Maîtres, Université Joseph Fourier

Week-end avec les Gonzague Lesort à Bruxelles les 26 et 27 septembre 2015.



Oncle Gonzague entre ses fils Nicolas et Olivier

S'est décidé entre quelques cousins d'organiser un week-end familial avec les Gonzague Lesort à Bruxelles les 26 et 27 septembre derniers, notre cousin Nicolas Lesort étant chargé d'organiser le programme sur place en fonction des possibilités d'oncle Gonzague.
Pour ce faire Nicolas, après concertation avec son père et son fils Romain (pour le Chalet Robinson) avait établi, pour les visiteurs, un dossier transports en commun très complet avec le détail de chaque trajet à effectuer, libéré une place dans son jardin pour accueillir le camping-car de Benoit Chamussy et retenu les divers lieux de restauration.
Tous ont pu ainsi se retrouver sans problèmes tout au long du week-end et avoir le plaisir de partager aussi deux repas avec oncle Gonzague toujours alerte d'esprit et de parole et s'assurant qu'il avait pu s'entretenir avec chacun d'entre nous.
En effet à 94 ans, oncle Gonzague, s'il a maintenant quelques  difficultés à marcher, a régalé tous les convives par une conversation animée servie par sa vivacité d'esprit, sa mémoire, sa culture et ses larges connaissances.
Pour le dîner de samedi, oncle Gonzague avait eu la délicate idée d'apporter une photo encadrée d'Henri Chamussy pour qu'il soit associé à notre réunion familiale, lui qui les appréciait tant et savait si bien les animer; Henri et tante Moineau ont également été associés à la messe du lendemain.

Un temps merveilleux pendant ces deux jours, de belles balades dans Bruxelles, des repas familiaux ultra conviviaux, la bonne humeur et les échanges animés habituels à tous ont permis de vivre un de ces moments formidables dont on garde précieusement le souvenir.
Dans cette bonne ambiance, le futur album de cette rencontre au pays d'Hergé a été surnommé par certains " les Zigs viennent voir les Zags".
Le week-end fut clôturé par un déjeuner au restaurant le Chalet sur l'île Robinson du Bois de la Cambre dont le talentueux jeune Chef est Romain Lesort, fils de Nicolas, nous en reparlerons.
Il nous avait préparé des mets délicieux servis avec des vins à l'avenant, l'ensemble agrémenté par une vue sur le petit lac et les frondaisons du Bois de la Cambre éclairées par une belle lumière d'automne : paradisiaque.

Romain vient nous présenter un plat

Les participants étaient côté Gonzague : oncle Gonzague, Nicolas et Marie-Laure Lesort, Olivier Lesort et Marie-Cécile, Céline, fille de Nicolas, Mathieu Lesort (fils d'Olivier) et Laura.
Les autres cousins étaient, venus en camping-car de Caen, Benoit et Agnès Chamussy et venus en TGV, Blandine Ayoub, Marie-Pierre Bernus, Catherine Chenu, Françoise Dequecker, Régis et Anne-Chantal Guyot, Claire et François Lesort.

Photo de famille devant le Chalet Robinson
Nous avons réalisé un album photo de ce week-end exceptionnel que vous pouvez regarder avec au choix un défilement manuel en cliquant ci-dessous sur afficher l'album soit un défilement automatique en cliquant sur voir le diaporama :

Vous êtes invité à voir l'album photo de 104090547571510304628 intitulé : Week-end à Bruxelles septembre 2015
Week-end à Bruxelles septembre 2015
26/27 sept. 2015
Crédit photographique : Marie-Laure et Nicolas Lesort, Catherine Chenu, Blandine Ayoub, Claire Lesort, Régis Guyot.

vendredi 25 septembre 2015

On l'appelait tante Moineau.






La photo de Moineau devant nous, c’est celle de notre maman telle que nous l’avons connue lorsque nous étions enfants. Nous voudrions vous la faire partager.
Elle y est jeune, belle, et heureuse
On l’appelait Moineau, il parait que ce sont ses frères qui l’ont surnommée ainsi quand elle était petite parce qu’elle passait son temps à grimper aux arbres ; c’est devenu son nom usuel pour ses amis, puis son mari, nos proches et nos amis à nous, nos enfants et petits-enfants…, et beaucoup de gens ne la connaissent que sous ce surnom.

Moineau était une personne libre : C’était une personne pleine d’énergie et de spontanéité: A 90 ans encore, elle « sautait »-selon ses propres termes- dans les bus, sans destination programmée, pour le seul plaisir de l’aventure, et bien audacieux qui aurait voulu l’en empêcher. Elle était sportive –elle nous abandonnait tous les lundis pour ses sacro-saintes parties de tennis avec ses trois acolytes dont sa sœur Anne, c’est elle qui nous a appris le tennis. Sur la plage, nous la voyions filer, à la nage, droit vers l’horizon, parfois au soleil couchant, alors qu’à terre, l’attendait, piétinant, un époux anxieux…

Elle n’aimait pas les normes, elle ne s’intéressait pas à l’argent, pas plus qu’au confort – le raccordement au gaz c’était non, la machine à laver on peut bien s'en passer, changer la vieille cuisinière devenue dangereuse cela peut attendre, etc… Elle était joueuse, elle préférait d’ailleurs encore plus contourner les règles que les pratiquer: aux cartes, ça l’amusait beaucoup plus et ça faisait rire les enfants! Elle aimait bien chaparder des fruits dans les champs… elle n’a pas commis de crimes beaucoup plus graves, peut-être un piètre intérêt pour la chose culinaire qui a marqué quelques mémoires. On n’est pas là vraiment dans le péché...

Ce caractère, elle l’avait beaucoup emprunté à sa mère, Mamita, qui faisait exactement pareil. On ne peut pas parler de Moineau sans parler de Mamita, que nous enfants nous adorions. Elle partageait avec elle la fantaisie et l’horreur des contraintes- si ce n’était pas toujours confortable à vivre pour son entourage, nos amis et nos proches l’aimaient beaucoup pour cela, nous avons reçu plusieurs témoignages ces jours-ci qui nous le rappelaient- ; elle avait un coté insouciant et rebelle, dédaignait ce qui va mal, les médecins et les protocoles, elle semblait inaccessible à la douleur physique, au point qu’elle nous avait habitués à être indestructible… jusqu’à il y a quelques jours.

«Chapeau Moineau », a écrit un ami à l’annonce de son décès, « c’est bien elle, ça, ce dernier pied de nez aux conventions, aux bonnes manières,... Chapeau Moineau, quelle élégance !… »

Son monde, c’étaient les relations « vraies » (son expression favorite) : ses valeurs étaient la sincérité, la générosité, la chaleur humaine. Dans les messages que nous avons reçus ces jours-ci, viennent les mots « gentillesse », « bonne humeur », « courage », « discrétion », « attentive », « souriante », « drôle », « qui nous faisait rêver»… On voudrait rester sur cette dernière expression.

Elle attachait une grande importance à la foi chrétienne ; elle a beaucoup réfléchi et travaillé sur le sens du rapport avec Dieu, beaucoup échangé et partagé avec son mari PA sur le sujet, c’était un des grands sujets qui les réunissait; elle a beaucoup donné dans les mouvements catholiques, le scoutisme, le Secours Catholique, les groupes de réflexion « bible », les groupes œcuméniques, et dans les cours de catéchisme qu’elle donnait à la maison, notamment aux enfants handicapés – cela nous volait un peu de temps au profit d’autres enfants, nous lui en voulions même un peu.

Ses rapports avec son mari P-A sont un champ immensément riche sur lequel nous aurions mille choses à dire, on se contentera de souligner qu’ils comportaient une dimension intellectuelle, alimentée par sa passion de la lecture, fondamentale dans sa vie.

Moineau était ainsi partie inséparable de l’aventure littéraire de PA. Première lectrice de ses romans, c’est elle qui dactylographiait au fur-et-à-mesure ses manuscrits -qu’elle seule pouvait déchiffrer-; elle savait aussi faire entendre ses critiques et commentaires avec un certain doigté. Elle partageait aussi avec intérêt les échanges avec le monde littéraire de PA éditeur, et ne se privait d’ailleurs pas de jugements catégoriques et même souvent passionnels –car Moineau était quelqu’un de passionné et de passionnel.

Et puis, il y a eu les dernières années. Dans sa grande vieillesse, son existence nous est petit à petit devenue moins facilement accessible, empreinte de mystère. Elle a eu la chance de vivre ces dernières années dans la maison Saint-Louis, et il faut dire combien nous avons été touchés par la gentillesse, la délicatesse et le souci d’autrui qui y règnent tant chez les résidents que chez le
personnel : Au nom de Moineau et au nom de ses enfants, merci.

Ces quelques mots ne résument évidemment pas Moineau –cent années de Moineau !... : on a simplement envie de dire : nous t’aimons beaucoup et tu nous manques.

Texte écrit par ses enfants pour les obsèques de tante Moineau et lu à la messe par Christophe Lesort qui nous l'a transmis à destination de tous les cousins.

Christophe nous a également transmis d'autres photos de tante Moineau, nous en publions quelques unes ainsi que la photo de son mariage avec notre oncle Paul-André Lesort (photothèque Chamussy).



Mariage 1938
Catherine Chenu nous a également fait le commentaire suivant sur cette photo : parmi les enfants d'honneur on remarque de gauche à droite Marie-Noëlle Dhavernas Chantal Bidault, Jean-Michel Dhavernas, Vincent Chamussy (?) Pascale Dhavernas (?). plus loin assis sur le fauteuil Henri Chamussy et debout à côté Michel Bidault.

Avec Marc 1948
Vacances à Hauteville 1959


Babyfoot avec Guillaume (fils d'Emmanuelle) 1980




Anniversaire 83 ans 1998

Cartes avec Capucine (fille de Christophe) 2003


Grand-mère à Paris, Grand-père à Rennes garde les enfants ...



Catherine Chenu nous a retranscrit un amusant et touchant courrier de notre grand-père Lesort à notre grand-mère alors qu'il a la garde pour quelques jours de ses  filles ainées (heureusement seulement deux à l'époque) et où l'on voit un archiviste-paléographe distingué du genre plutôt intellectuel gérer du mieux qu'il peut la petite enfance et les problèmes domestiques ...


Rennes , ce 5 juin 1910

Ma petite Bobeth chérie,
Nous voici donc arrivés au troisième soir depuis ton départ : la journée s'est bien passée, grâce à ta bonne lettre, que j'ai déjà lue trois fois et que je relirai sans doute une quatrième avant de m'endormir. je vais te raconter les petits événements du jour, en suivant l'ordre : je commence même par la soirée d'hier, qui a été marquée par une violente colère de notre Gertrude, alors que les bonnes étaient montées. Cela a duré trois grands quarts d'heure , au bout desquels j'ai constaté que la paillasse avait été mal égalisée et que notre petite bonne femme avait les pieds plus hauts que la tête ; pour remettre les choses en état j'ai assis Gertrude par terre ,sur la descente de lit , ce qui a paru l'humilier profondément , puis je lui ai administré le fond du flacon d'eau de fleur d'oranger , soit trois petites cuillerées , après quoi elle s'est endormie de tout son cœur qui était encore soulevé par de gros sanglots . Ce matin, quand je me suis levé à 6 heures, j'ai eu beau évité de faire le moindre bruit, le petit bout s'est éveillé. Chantal avait très bien dormi, mais, à 9h ½ elle était si complètement trempée que j'ai renoncé à lui faire prendre ses précautions.
Ce matin donc, après avoir lu un ouvrage d'archéologie jusqu'à 8h moins cinq, je suis allé à la messe des hommes ….
………..
A mon retour j'ai un peu bêtisé avec nos filles ; les bonnes me paraissent gentilles pour elles mais les pauvres petites m'entourent visiblement plus qu'à l'ordinaire ; Chantal, en particulier, se montre très affectueuse. Elle parle beaucoup de toi, se réjouit de la venue de tante Lucie, et s'est tordue comme une folle d'un bon rire perlé, quand je lui ai dit que tu faisais tes amitiés à " le n'ours " ce qui n'a pas été perdu.
Je l'ai installée dans mon bureau avec le ménage de tante Tournaire , et je l'y ai même laissée quand je suis sorti pour aller au Palais chercher un document dont j'ai besoin demain aux archives , acheter les Débats et les gâteaux ; à mon retour j'ai trouvé Chantal jouant à la salle à manger avec Gertrude , mais le ménage avait été remis en place sur la table , de l'ordre .
Le déjeuner chez les Jordan a été un peu mouvementé ; on avait mis Chantal à table et tout avait d'abord bien marché ; mais tous les enfants l'ont bientôt regardée, avec l'air ironique que tu leur connais , et la pauvre Chantal s'est précipitée la tête sur mes genoux en sanglotant ; il n'y a pas eu moyen de la faire revenir à une meilleure position , et il a fallu que Mme J. la conduisit à la cuisine , où elle a déjeuné avec les bonnes ; au dessert , Marthe est allée la chercher et elle a consenti à partager le dessert commun . Elle est allée ensuite faire la procession au jardin, où on l'a affublée d'un tablier à Marthe et d'un grand chapeau de paille. A 2 h ½ tout le monde est parti pour la promenade et pour la procession ; j'ai voulu garder Chantal mais Mme J. a tellement insisté que je l'ai laissée. Il parait qu'avec Babeth il n'y a jamais de difficultés, et que les qualités éminentes de cette bonne sont une occasion de difficultés à la campagne, où les enfants des autres ménages lâchent leur bonne pour rester auprès de Babeth qui en fait merveille. Chantal est encore invitée pour demain : c'est un abonnement.
Je suis resté à bavarder jusqu'à 3 heures avec Mr et Mme J. : conversation très cléricale, sur les séminaires, l'abbé Daliry , le recrutement du clergé , les autos épiscopales etc … après quoi je suis revenu faire 1 heure ½ d'archéologie à la maison , et je suis parti pour voir la procession , d'abord en face de l'Hôtel-Dieu ……
…………..
Au retour, j'ai trouvé Marie gardant Gertrude, laquelle venait de se salir affreusement, pour la seconde fois de la journée ( je lui avais donné ce matin une cuillérée de sirop de pommes de reinette ) ; elle a encore pris un œuf à 2 heures . Elle a été de très bonne humeur toute la journée, mais elle est un peu criarde pendant qu'Albertine la déshabille, car elle ne veut pas se coucher. Chantal dine très gaîment, et parait ravie d'avoir son petit gâteau : " C'est gentil à vous d'y avoir pensé " m'a-t-elle dit.
Ce qui est encore plus gentil, c'est l'attention de ta maman d'inviter mes parents ce soir ; je me réjouis beaucoup pour eux de cette réunion, mais je frémis un peu …; j'ai écrit vendredi à père, en lui demandant de te ménager sur ce chapitre.
Dans le récit de ta course au Bon Marché, tu ne parles pas de ta guimpe : tu n'iras pas, je pense, demain au mariage de Sophie avec ton corsage blanc qui commence à être bien défraichi et qui se découd sur certains points..Si tu n'as pas acheté d'épingles à chapeau, choisis-les plus belles que tu n'avais décidé, presque à 4 ou 5 f la paire : si cela te faisait plaisir, ce serait la petite surprise que je te donnerais pour tes 55 ans, à moins que tu ne préfères un pantalon.
Les petites sont couchées ; tout s'est bien passé. Gertrude ne voulait pas se laisser mettre au lit mais la vue du sirop Delebarre l'a tout à fait décidée.
Je te quitte, pour me mettre à table puis écrire un mot à oncle Félix. Je t'embrasse aussi fort que je peux le faire sans te rien casser, mais tu sais que ma tendresse profonde et chaude peut se passer de ces manifestations violentes. Distribue autour de toi les sentiments que tu sais. Ton André

Ci-dessous les protagonistes :

Grand-père, Gertrude, Grand-mère et Chantal Lesort vers 1909-1910

Photo de fin 1909 ou début 1910
André Lesort ; Gertrude ; Chantal ; Elisabeth Lesort
Ajoutée à la lettre en 2011 par C.Chenu-Chamussy

vendredi 26 juin 2015

Histoires de famille : 1944, la canne et la benne.


Une famille aussi nombreuse et aussi vivante que la notre, fourmille d'anecdotes, abonde en histoires de toutes sortes et leur répertoire inépuisable agrémente toutes nos réunions familiales.
Nous souhaitons les faire partager à tous sous la rubrique "Histoires de famille" et nous sollicitons tous ceux qui en détiennent de nous les envoyer pour alimenter cette plaisante rubrique.
Notre cousine Blandine Ayoub nous en a communiqué quelques unes pour notre plus grand plaisir et nous publions aujourd'hui la fameuse histoire du voyage en camion-benne.




Grand-mère, grand-père, tante Chantal et oncle Léon Chamussy, Thérèse se sont rendus ensemble au mariage de tante Marie-Madeleine et oncle Jean Guyot, à la fin de la guerre, alors que les transports réguliers n’avaient pas encore été rétablis et que des combats étaient en cours dans la région.
Ce fut une véritable épopée dont je n’ai pas retenu tous les détails, mais ils durent monter - nos grands-parents dans la cabine et les autres dans la benne - d’un camion assez haut perché sur ses grandes roues. Grand-mère n’eut aucun problème pour escalader l’engin et se retrouva très vite à bon port, tandis que grand-père tournait autour bien embarrassé, en s’exclamant : « Mais enfin Bobeth, où donc as-tu appris à grimper comme ça ? », ce à quoi grand-mère répondit : « Et les arbres de la Pichardière, à quoi crois-tu donc qu’ils servaient ? Tends-moi ta canne, je vais te tirer jusqu’à moi ! » Nos cinq  Lesort finalement installés tant bien que mal, le camion put repartir. Mais voilà que les passagers de la benne, sans communication avec ceux de la cabine, sentent qu’il se passe quelque chose d’anormal : la benne commence à se soulever petit à petit, mais inexorablement, comme pour renverser son chargement sur la route. Panique à bord ! Les Chamussy et Thérèse crient de toutes leurs forces, ils donnent des coups de poings sur le toit de la cabine, mais celle-ci s’éloigne de plus en plus hors de leur portée… Finalement, ce sont des voitures roulant en sens inverse qui donnèrent l’alerte au chauffeur et sauvèrent nos passagers. On démasqua immédiatement la coupable : la canne de grand-père s’était accrochée (ou l’avait-il accrochée pour se libérer les mains ?) à la manette stratégique de levage dans la cabine du chauffeur, telle celle des Dupont dans la fusée de Tintin, - les effets en apesanteur n’étant pas exactement les mêmes mais presque plus rassurants!


La véracité de cette épopée est confirmée par la photo prise dans la benne du camion où l'on peut voir de gauche à droite tante Thèrèse Lesort, tante Chantal Chamussy, la jeune Archiviste de Lyon et le général Zeller.




L'histoire est complétée par notre cousine Catherine Chenu :

Papa et Maman étaient présents au mariage des Guyot le 15 juillet 1944 mais sans aucun enfant. Nous, les aînés, avions été évacués sur Moroges depuis quelques semaines et les plus jeunes étaient confiés à Lyon à des cousins des parents. Papa et maman ont fait les voyages avec Grand-père et Grand-mère.
Ils avaient du voyager dans un camion envoyé par oncle Jean Guyot les prendre à la gare (de Grenoble je pense), nos grands-parents dans la cabine et nos parents dans la benne. 
Grand-père, du genre distrait, ayant accroché sa canne à la manette qui manœuvrait la benne celle-ci s'était mise à se lever risquant de projeter sur la route ses occupants. Et impossible de se faire entendre de ceux de la cabine!
Il y avait à l'époque de  grands combats dans le Vercors, les routes étaient peu sûres et il parait que, du côté de Voreppe en particulier la situation était chaude : on entendait le bruit des combats, des mitraillages et des avions allemands (voir nota).
En rentrant à Lyon les parents ont raconté tout cela en récupérant les enfants chez leurs cousins et, comme ils étaient sains et saufs, ils riaient de leur équipée. Mais cela n'a pas du tout amusé leurs cousins qui les ont traités d'inconscients et de parents indignes ; sans doute inquiets, après coup, à l'idée de tous ces potentiels orphelins...

Nota. La situation dans la région était en effet extrêmement sérieuse puisqu'il s'agissait rien de moins que des préparatifs d'encerclement et d'attaque générale du maquis du plateau du Vercors, environ 4000 hommes, que les Allemands avaient décidé d'anéantir.
Le massif surplombe la Vallée du Rhône et les routes d'Italie et un mois après le Débarquement de Normandie, pas question pour la Wehrmacht de laisser ces routes aux mains de la Résistance, suspectée de préparer l'arrivée des militaires américains, .
Qu'on en juge, sans entrer dans le détail des opérations :
À partir du 13 juillet 1944, harcèlement aérien quotidien allemand sur le Plateau du Vercors. Bombardement de Vassieux et de la Chapelle-en-Vercors.
Des renseignements font état de la présence de troupes allemandes sur les itinéraires de la vallée du Rhône, de la cluse de Voreppe et de la route Grenoble-Luz-laCroix-Haute.
Les mouvements de chars repérés à Livron et l’intense activité aérienne allemande sont les indices de l’imminence d’une attaque.
Le 14 juillet, les alliés parachutent des armes en masse et des tonnes de matériel sur le Vercors, s'ensuivent de nombreuses attaques aériennes allemandes et des bombardements destructeurs sur Vassieux et la Chapelle-en Vercors.Le 20 juillet, débute l’action décisive. Les Allemands commencent à encercler, avec 10 000 soldats et policiers, le Massif du Vercors afin de l’isoler de la Drôme, du Dévoluy et de l’Oisans.
Dans la Drôme, ils attaquent les maquis de Livron en direction de Crest. En Isère, ils s’engagent du col de la Croix-Haute vers les cols de la Menée et de Grimone en direction de Die.
Le 21 juillet, les Allemands lancent l'attaque générale contre le massif du Vercors.

Parachutage allié destiné au maquis du Vercors




Drapeau de la République libre du Vercors juin-juillet 1944