Les petits Xavier et Marie-Cécile dite Cici ( vers 1930) étaient visiblement faits pour se rencontrer un jour |
12 avril 1944 |
Bien que le mouvement scout fut interdit par les allemands en zone occupée, Xavier Lesort, chef scout à Versailles avait organisé un camp pour sa troupe à Flaucourt près de Péronne dans la Somme chez les Gauchin qui y avaient une propriété et des terres ... ainsi qu'une fille prénommée Marie-Cécile dont il fit la connaissance.
La propriété des Gauchin à Flaucourt; tante Cici, enfant, assise à droite |
S'ensuivit donc le beau jour, celui du mariage, il y a exactement 70 ans, des dits Xavier et Marie-Cécile à Flaucourt, dans la propriété familiale Gauchin, avec ceci de remarquable que c'était en pleine guerre avec des bombardements alliés incessants, en particulier sur les voies ferrées, ce qui ne facilitait pas les déplacements familiaux.
D'ailleurs le père Armand Le Bourgeois, grand ami d'oncle Xavier, qui devait unir les mariés, ne put jamais arriver pour cette raison, mais tint parole, avec un petit retard de tout juste cinquante ans, comme il le dit lui-même quand il a célébra la messe de leurs noces d'or au Chesnay en 1994.
Malgré ces difficultés, une partie de la famille avait pu faire le déplacement et en particulier notre oncle Jean Dhavernas qui fit un discours aux mariés sous forme d'un toast au cours du déjeuner et nous avons plaisir à vous le faire partager grâce à Jean-Michel Dhavernas qui nous l'a transmis, merci à lui.
Nous devons ajouter, qu'en cette période d'inimaginable disette alimentaire, les courageux qui affrontèrent les difficultés et les dangers du voyage pour venir à ce mariage ne furent pas déçus par le repas de noces.
Le seul qui eut véritablement à se plaindre fut le veau, non déclaré aux occupants allemands, très réticent à descendre en pleine nuit et en toute discrétion les escaliers d'une cave qui ne lui disait rien de bon !
Cette histoire de veau clandestin récalcitrant, est restée dans la geste familiale comme un grand moment d’anthologie et de gastronomie auquel tous les invités firent largement honneur comme on peut d'ailleurs le constater dans le récit d'oncle Léon Chamussy en fin d'article.
Pour lire le discours de Jean Dhavernas cliquer ici
L'arrivée de la mariée à l'église du village avec la haie d'honneur des scouts |
Extraits de la période "janvier à septembre 1944" du Journal de Léon Chamussy (transmis par Catherine Chenu avec commentaires de François Lesort)
Vendredi saint 7 avril. Départ pour Paris avec Chantal, Vincent et Marie. C'est la première fois que nous retournons à Paris depuis la guerre. Voyage facile et sans retard. Nous sommes accueillis par les Dhavernas.
8-9-10 avril séjour à Paris. Nombreuses visites. Journée du lundi de Pâques à Versailles.
Chantal et moi ne sommes pas déçus par Paris sans l'agitation d'avant-guerre, on peut admirer les perspectives, flâner. Un peu trop de visiteurs indésirables …[des "touristes" allemands, sans doute ...]
11 avril départ à 13 h de la gare du Nord pour Peronne et Flaucourt au mariage de Xavier.
Voyage sans incident. Accueil charmant des Gauchin, les 7 km de Peronne à Flaucourt sont faits en voiture à chevaux, très pittoresque de voir sur la route ces 7 voitures à deux roues chargées de gens et cahotées par le lourd trot des gros "Ardennais"
Mariage civil car arrivés à 5 h il n'est à Flaucourt que 3 h à cause du décalage d'heures. Diner de veille très bien mais sans vin dans une maison délabrée après le passage des troupes en 1940.
Voyage sans incident. Accueil charmant des Gauchin, les 7 km de Peronne à Flaucourt sont faits en voiture à chevaux, très pittoresque de voir sur la route ces 7 voitures à deux roues chargées de gens et cahotées par le lourd trot des gros "Ardennais"
Mariage civil car arrivés à 5 h il n'est à Flaucourt que 3 h à cause du décalage d'heures. Diner de veille très bien mais sans vin dans une maison délabrée après le passage des troupes en 1940.
12 avril Mariage de Xavier. Vincent est garçon d'honneur avec Dominique Lesort. Cérémonie simple et charmante. Les cousines de Cici chantent fort bien. Lunch avec abondance de viande : gigot, filet de porc, jambon, veau ; pas de légumes, le pays n'en produisant pas ; pain blanc à profusion, on avait oublié ce que c'était.
Mercredi 13 Départ de Flaucourt. A Peronne, en attendant le train très en retard, visite du silo. Pendant les 6 h d'arrêt que nous avons eu à (lieu pas précisé) nous allons voir les de Jandin, visite agréable dans une belle maison malheureusement fort abîmée par les occupants.
Mardi 18 avril rentrée à Lyon. Nous retrouvons Henri et Catherine qui avaient séjourné chez les Jean Chamussy à Couzon et Denis qui était chez sa marraine Gaby Bois.
13-14 mai Nous avons chez nous Marie-Madeleine pour des entrevues avec Jean Guyot.[elles durent être profitables car le mariage eut lieu le 15 juillet suivant]
Après-midi un peu longue. Grandes discussions dans le jardin ensoleillé. Vincent s'amuse beaucoup et visitant la porcherie fort impressionnante par le nombre de pensionnaires il leur dit d'un ton compatissant " Tu sais, cochon, on a mangé de toi".
Peu vu notre nouvelle belle-sœur, robuste [de quoi, de quoi ! voila encore un cliché typique des citadins sur les gens vivant à la campagne !] et sympathique picarde.[aujourd'hui, la picarde en question, tante Cici, à 91 ans, est restée toujours aussi sympathique mais malheureusement plus du tout "robuste", surtout ces derniers temps]
Mercredi 13 Départ de Flaucourt. A Peronne, en attendant le train très en retard, visite du silo. Pendant les 6 h d'arrêt que nous avons eu à (lieu pas précisé) nous allons voir les de Jandin, visite agréable dans une belle maison malheureusement fort abîmée par les occupants.
14-15-16-17 avril séjour à Paris, un peu fatigant par nos courses incessantes. Mais quelle différence entre Paris et Lyon. On comprend que lorsque l'on a habité Paris on ne puisse pas admettre Lyon.
Mardi 18 avril rentrée à Lyon. Nous retrouvons Henri et Catherine qui avaient séjourné chez les Jean Chamussy à Couzon et Denis qui était chez sa marraine Gaby Bois.
13-14 mai Nous avons chez nous Marie-Madeleine pour des entrevues avec Jean Guyot.[elles durent être profitables car le mariage eut lieu le 15 juillet suivant]
Tante Thérèse Kervella qui, avec les restrictions de l'époque et l'appétit de ses vingt ans, avait pourtant dû faire honneur au plantureux repas de mariage, racontait plus tard à ses enfants, de son séjour à Flaucourt, un tout autre souvenir qui heureusement n'avait rien de culinaire même en ces temps de grande disette où certains lapins miaulaient, jugez-en.
Faisant le tour des bâtiments de cette très grande ferme avec le propriétaire des lieux, le père de tante Cici, tante Thérèse était restée très admirative de la façon dont celui-ci, croisant inopinément un rat au cours de la visite et conservant toute sa dignité, avait prestement aplati l'animal pour le compte d'un coup de canne asséné d'un vif revers du poignet!
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