mercredi 18 septembre 2013

Notre cousin Hervé Kervella nous a quitté, sa sœur Bénédicte lui rend hommage.



Hervé Kervella



Texte rédigé par Bénédicte Grouin pour la célébration d'inhumation d'Hervé le 11 juin 2013 à Amiens :

Nous sommes réunis ce matin autour d'Hervé pour le confier à la tendresse de Dieu. Nous ses frères et sœurs, ses cousins, savons qu'il a eu une vie professionnelle chaotique, entrecoupée de périodes de chômage sûrement douloureuses, et des relations humaines pas toujours faciles.
Nous savons aussi qu'il était capable de gestes d'attention délicats, comme choisir avec soin et affection des cadeaux judicieux. Cette affection, il la cachait avec pudeur sous des dehors bourrus, et elle nous touchait d'autant plus lorsqu’il l'exprimait.
Hervé aimait rendre service : combien de pipes a-t-il fumées dans les salons de nos cousins, veillant sur le sommeil de leurs enfants, profondément heureux de pouvoir offrir ces quelques heures de liberté à leurs parents. Lui qui doutait souvent de ses capacités dans certains domaines et n'avait pas toujours confiance en lui, se sentait reconnu et apprécié pour sa grande serviabilité, et cela l'aidait certainement à proposer généreusement ses services.
Hervé était un solitaire, et ce n'est pas un hasard s'il était passionné par la moto et par le tir, sport dans lequel il excellait, grâce à une vue exceptionnelle et à une concentration dont il avait le secret. Sa curiosité intellectuelle faisait de lui, particulièrement ces dernières années, un grand lecteur, aussi bien de la Bible, que de revues scientifiques ou d'ouvrages historiques.
II aimait la beauté: particulièrement la beauté de la montagne (et sa période de chasseur alpin est restée comme un rayon de soleil dans sa vie), et la beauté de la musique (les morceaux que nous avons choisis pour cette célébration comptent parmi ses préférés) (*).
Si ses relations avec les adultes étaient parfois difficiles, il se régalait avec les bébés et les enfants, qui Ie lui rendaient bien. Et à ce propos, parmi les témoignages d'affection reçus ces jours-ci, je voudrais citer celui de notre cousine Emmanuelle : « Ce mystérieux enfant mal grandi, si gentil, me faisait penser à Peter Pan ou à Mowgli. II a bien plu à mes enfants, justement, parce qu'il n'était ni adulte ni enfant, juste une personne charmante (...) Cette mort solitaire lui ressemble terriblement. » 
Nous gardons au cœur le regard bleu perçant, l’honnêteté scrupuleuse et les conseils tatillons de celui que ses amis avaient un jour surnommé affectueusement « I'anarcho-syndicaliste-chrétien », et nous remercions Dieu de nous l'avoir donné comme frère. Et nous sommes habités par la même espérance qu'il y a six mois lorsque, entourés de la communauté bénédictine de la Pierre-qui-Vire, nous avons confié papa, « frère Pierre », à la miséricorde infinie du Père de toute vie.


(*) : Andante du Concerto pour piano n°21 de Mozart, et « Petite fleur » de Sidney Bechet

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire