vendredi 25 janvier 2013

La Poste pneumatique de Paris

Nous avions fait paraître un article sur le fameux télégramme pneumatique du 4 novembre 1905 adressé par  Louis Madelin  à notre grand-père André Lesort.
Ce télégramme lui permit dès le lendemain, une rencontre (à but strictement matrimonial) décisive avec Elizabeth Madelin après l'échec d'une première rencontre.
Il nous a paru intéressant de vous faire mieux connaître ce moyen de télécommunication très efficace à l'époque (la preuve !) mais aujourd'hui disparu depuis une trentaine d'années.


La Poste pneumatique de Paris a joué un rôle particulier dans la société parisienne et dans l’histoire des Postes et Télégraphes au XIXe et XXe siècles.
Le réseau de la Poste pneumatique est un assemblage de tubes essentiellement en acier parcourus par des boîtes cylindriques ( les curseurs ) se déplaçant sous la pression d'air comprimé pour transporter télégrammes et plis urgents. 
Dès le début, huit ateliers vont produire l'air comprimé à l'aide de machines à vapeur.

Ces tubes parcourent souterrainement Paris et aboutissent à des appareils dans les bureaux de poste. Recueillies par les agents des bureaux de poste, les correspondances pneumatiques sont ensuite acheminées par des facteurs spéciaux, les "petits télégraphistes".
Les premiers essais du fonctionnement du réseau eurent lieu en 1866 et la clôture du service en 1984.
La correspondance pneumatique est historiquement un télégramme, d’où son rattachement dès l'origine au service télégraphique et non postal. Avec le décret de 1879 signé par le maréchal Mac-Mahon, le réseau s’ouvre officiellement au public et les correspondances ne sont plus limitées par le nombre de mots. 
Elles deviennent ainsi des sortes de petites cartes postales transportées par tube. La Poste pneumatique de Paris est née. 
Jusqu’à la clôture du réseau en 1984, c’est à la Poste que revient l’exploitation postale du réseau tandis que l’entretien technique des tubes et le fonctionnement des usines souterraines permettant la production de l’air pour propulser les correspondances revient aux télégraphes puis aux télécommunications.
De 1866 aux années 1930, plusieurs facteurs conditionnent le développement de la Poste pneumatique : 
- la saturation du réseau de télégraphie électrique à Paris sous le second Empire qui décide Napoléon III à utiliser un autre moyen de télégraphie
- l’aménagement des égouts par l’ingénieur Belgrand  qui permet d’y loger une grande partie des tubes du réseau 
- et surtout les progrès des systèmes de transport du courrier sous air comprimé grâce au travail des ingénieurs anglais et français . 
L’administration française s’est en effet largement inspirée des essais anglais de Poste pneumatique et notamment des essais réalisés à Londres, confrontée elle aussi quelques années avant Paris à la saturation de son réseau de télégraphie électrique.
Le réseau de Paris, est d’abord limité aux quartiers d’affaires du centre de Paris où les échanges sont importants : le premier ensemble de tubes relie en 1868 les deux principaux centraux télégraphiques, celui de la Bourse et celui de la rue de Grenelle Saint-Germain.


Le réseau s'étend progressivement à l’ensemble de Paris, 200 km en 1888, 334 km en 1914 jusqu'à atteindre la longueur maximale de 450 km en 1934.
Capable d’acheminer des correspondances en moins d’une heure, il devient le moyen le plus rapide d’acheminement des correspondances dans Paris d’autant plus que le réseau téléphonique peine à s’installer pendant une grande partie de XXe siècle. 
L’auxiliaire du télégraphe devient alors un système a part entière avec son personnel spécifique : le facteur tubiste chargé de gérer les correspondances qui arrivent dans les bureaux, le mécanicien qui fait fonctionner les machines à vapeur, le facteur cycliste ou à motocyclette qui achemine les correspondances du bureau de poste au domicile du destinataire.
Des années 1930 aux années 1960, un programme de modernisation du réseau précède celle de son déclin. Pourtant les ambitions semblaient grandes : il s’agissait de mettre en place des appareils de réception et d’expédition automatique dans les bureaux de poste pour améliorer les performances du réseau et réduire le travail fastidieux des agents manipulants tubistes.
L’autre volet de la modernisation consiste à installer des groupes électriques remplaçant les machines à vapeur dans les ateliers pour produire l’air nécessaire à propulser les correspondances. Ces groupes électriques doivent permettre d’augmenter le débit en air et donc d’accroître le rendement des correspondances de plus en plus nombreuses dans les tubes.

Cette automatisation du réseau dans les techniques d’acheminement du courrier correspond à une période de modernisation dans les techniques de traitement du courrier par la Poste avec par exemple l’automatisation des centres de tri. 
Le projet d’utiliser les tubes pour relier certains centres de tri de paris est même évoqué mais reste sans suite.
En effet à partir des années 1960 et surtout 1970, le réseau connaît une période de déclin : chute du trafic des pneumatiques et des crédits accordées au réseau, structure vieillissante, autant de maux qui conduisent la Poste et les Télégraphes à clore le réseau en 1983.

En juillet 1957, le pneumatique est cinq fois plus cher que la lettre ordinaire et pour la Poste, le bénéfice de l’exploitation postale ne compense pas le déficit, tandis que les Télécommunications semblent se tourner vers les nouvelles technologies de communication comme le téléphone ou le télex et semblent refuser de rénover le réseau considéré comme un fardeau. Hormis l’hostilité des syndicats postaux, la suppression du réseau n’a pas finalement posée de réelles oppositions.
Le réseau pneumatique aura marqué le début des moyens rapides de communication et symbolise « l’enfance des télécommunications » mais n’a pu faire face à de nouveaux moyens plus concurrentiels de communication comme le montre l’échec d’autres réseaux pneumatiques dans le monde pour des raisons semblables.


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