Déportés par les prussiens |
Notre grand-mère Elizabeth nous a rapporté dans ses souvenirs sur sa famille tome I (blog mai 2011) que son père Amédée Madelin fut arrêté comme otage par les prussiens pour être déporté en Silésie, extrait :
"... on parlait chez nous avec une douleur mêlée de fierté, et aussi d’horreur de la guerre de 1870 que mes parents ont vue de bien près puisque papa était procureur impérial à Neufchâteau, quand la guerre fut déclarée.
Mes parents avaient alors quatre jeunes enfants et attendaient le cinquième au cours de l’année terrible.
Or, en janvier, par un froid resté historique, mon père fut arrêté comme otage par les Allemands, et emmené à la prison de Nancy. Il était simplement question de l’expédier en Silésie !
Maman, voyant partir mon père, partit elle-même à Nancy avec ses quatre bébés et une bonne (allemande !) afin de suivre de près les décisions que nos ennemis prendraient au sujet du cher prisonnier. Une fois qu’elle le sut condamné à la captivité silésienne, elle se mit en mesure de le suivre, là encore et après beaucoup de démarches en obtint la grâce.
Il ne pouvait être question d’emmener les enfants, par exemple ! La famille de mon père, chez laquelle on a toujours trouvé beaucoup de dévouement, se les partagea.
Il ne pouvait être question d’emmener les enfants, par exemple ! La famille de mon père, chez laquelle on a toujours trouvé beaucoup de dévouement, se les partagea.
La bonne et coûteuse couturière de Nancy qui habillait maman en temps de paix, accepta de faire à ma mère une robe très confortable et pratique en ne demandant que vingt-cinq francs de façon en raison des circonstances (la description de cette robe m’a toujours fait horreur, car il est bien certain que pour moi elle était très démodée).
Monsieur Beaudelot, le cher et bon ami de mon père, avait demandé au gouvernement allemand de partir en Silésie à sa place. Puis on put vers cette époque faire des échanges de prisonniers entre les deux pays ennemis. Je crois que c’est ainsi que mon père fut libéré et qu’au lieu de naître en Silésie, Louis naquit à Neufchâteau en mai 1871 en pleine occupation allemande."
Monsieur Beaudelot, le cher et bon ami de mon père, avait demandé au gouvernement allemand de partir en Silésie à sa place. Puis on put vers cette époque faire des échanges de prisonniers entre les deux pays ennemis. Je crois que c’est ainsi que mon père fut libéré et qu’au lieu de naître en Silésie, Louis naquit à Neufchâteau en mai 1871 en pleine occupation allemande."
Amédée Madelin lui-même a écrit le récit de son angoissante aventure dans un cahier détenu aujourd'hui par la branche René Madelin où il a été retranscrit et que nous avons le plaisir de découvrir grâce à Xavier Madelin, petit fils de René Madelin, qui nous l'a transmis et que nous remercions ici.
Voici le début de son récit :
"Le dimanche 4 décembre 1870, entre 9h et 10h du matin, je me disposais à sortir de chez moi lorsqu’on m’avertit qu’un officier allemand que je venais de voir entrer se disposait à me parler. Je me rendis sans défiance dans une pièce du rez-de-chaussée où il avait été introduit, persuadé qu'il s’agissait de pourvoir à son logement, ce qui était alors, hélas ! une incidence trop habituelle. Je lui ai posé même la question en l’abordant. Cet officier me répondit avec un certain embarras qu'il avait une mission pénible à remplir et sans autre préambule me déclara que j’étais son prisonnier..."
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