" La Pichardière n'est plus à nous
Quelque chose est mort en nous "
C'est par ces mots qu'Elisabeth Madelin-Lesort ( 1882-1972 ) notre grand-mère a commencé le long récit de ses souvenirs à la Pichardière , propriété familiale située à Neuville-aux-Bois dans le Loiret . C'est dire à quel point nos ancêtres étaient viscéralement attachés à leurs racines beauceronnes et à cette maison .
Qui de nous d'ailleurs n'a pas entendu , jusqu'à en être rassasié parfois , sa grand-mère , son père ou sa mère évoquer cette célèbre demeure où des générations depuis les Aucante et leur fille unique Adélaïde (1776-1863 ) puis les Bonnet , Adélaïde ayant épousé Louis-Ferdinand Bonnet ( 1760-1839 ) et enfin les Madelin ont , durant près de 200 ans , passé leurs vacances ? Dans cette grande maison les mois d'été se déroulaient paisiblement , entre cousins " bien élevés " et dans le respect des ainés et des traditions religieuses et familiales .
Pour la génération de notre grand-mère puis pour celle de nos parents ces séjours étaient le Paradis et ont tissé entre eux des liens tout à fait spécifiques et durables . Beaucoup d'entre nous se rappellent les fameuses réunions de " La Croix blanche " ( nommées ainsi en souvenir d'une allée de la Pichardière où ces demoiselles se retrouvaient ) réunissant tous les mois à Paris ou à Versailles autour d'un goûter grand-mère et ses cousines .
Les archives familiales possèdent d'innombrables documents et actes anciens concernant la Pichardière : son achat en 1746 par les Aucante , une nombreuse correspondance ( en particulier les lettres d'Adélaïde Aucante-Bonnet à ses parents ) les listes de son mobilier , de sa vaisselle dressées lors de partages ou d'héritages etc ..etc ….
Nombreux aussi d'ailleurs sont les témoignages enthousiastes et nostalgiques laissés par nos ainés dans les pages de notre journal " Vos papiers de famille " . Bien d'autres souvenirs ne sont pas encore publiés : "Souvenirs sur la Pichardière " de notre grand-mère , plusieurs récits de Chantal Lesort-Chamussy ou de Gonzague Lesort et tant d'autres sûrement qui restent à mettre à la disposition de tous ; sans compter ce que chacun d'entre nous peut posséder , dans les papiers de sa famille comme récits , dessins , photos , cartes postales , lettres etc. Toutes ces pages de nos ainés , fort bien écrites , comme les Madelin savent le faire , sont non seulement très intéressantes sur le plan familial mais donnent aussi un aperçu d'une certaine société française à travers plus de deux siècles .
Hélas , comme l'écrivait grand-mère à l'heure où la propriété était échue en héritage à la branche d'un de ses frères , non seulement " la Pichardière n'est plus à nous " mais il n'en reste plus rien : vendue en 1957 à la mairie de Neuville-aux-Bois qui l'a utilisée d'abord comme collège puis transformée en logements elle a été démolie en 1991 pour construire sur son emplacement un bâtiment municipal .
Notre grand-mère, décédée en 1972, n'en a heureusement rien su….
Note de la rédaction : cet article a été rédigé et illustré par Catherine Chenu pour permettre une meilleure compréhension ultérieure de toutes les publications citant cette propriété élevée par notre famille au rang d'un véritable mythe de temps fabuleux.
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